Billet spirituel - mai 2016

Lundi 9 mai 2016

Billet spirituel - mai 2016 : « À l’école de Marie, vivre la conversion écologique »

Laudato Si, l’encyclique du pape François sur la « sauvegarde de la maison commune », lance un vibrant appel à la « conversion écologique » pour un juste rapport à la création qui nous entoure et qui nous nourrit, et aux hommes et aux femmes de notre temps. L’objectif est que soit respecté le dessein de Dieu, tel qu’il est présenté dans le livre de la Genèse : la création est ordonnée au bien de tous et non au privilège de quelques uns.

C’est ce que le pape déclare dans l’introduction à l’encyclique :

« La destruction de l’environnement humain est très grave, parce que non seulement Dieu a confié le monde à l’être humain, mais encore la vie de celui-ci est un don qui doit être protégé de diverses formes de dégradation. Toute volonté de protéger et d’améliorer le monde suppose de profonds changements dans « les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd’hui les sociétés ».

Le développement humain authentique a un caractère moral et suppose le plein respect de la personne humaine, mais il doit aussi prêter attention au monde naturel et « tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné ». Par conséquent, la capacité propre à l’être humain de transformer la réalité doit se développer sur la base du don des choses fait par Dieu à l’origine ». (N° 5)

Sur ce chemin de conversion, la Vierge Marie est un phare qui éclaire notre route. Dans son chant d’action de grâce, au lendemain de l’Annonciation, elle rappelle les « fondamentaux » de toute vie humaine et spirituelle que le pape François décline tout au long de sa réflexion.

1. L’émerveillement de la Vierge Marie devant le dessein d’amour et de salut de Dieu pour toute l’humanité à travers les âges est présent en filigrane dans l’invitation à la « sobriété et au souci de protection » :

« Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats.

En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. » Une démarche que le pape enracine dans la vie de celui qu’il a pris comme guide au moment de son élection : « La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination. » (N° 11)

2. Le souci des plus pauvres, de ceux qui sont laissés sur le bas-côté de la route du progrès, fait partie des axes qui traversent toute l’Encyclique :

« L’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde ; la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie ; l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès ; la valeur propre de chaque créature ; le sens humain de l’écologie ; la nécessité de débats sincères et honnêtes ; la grave responsabilité de la politique internationale et locale ; la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie. » (N° 16)

3. La véritable humilité qui ouvre les mains pour tout recevoir du Père :

« La sobriété et l’humilité n’ont pas bénéficié d’un regard positif au cours du siècle dernier. Mais quand l’exercice d’une vertu s’affaiblit d’une manière généralisée dans la vie personnelle et sociale, cela finit par provoquer des déséquilibres multiples, y compris des déséquilibres environnementaux. C’est pourquoi, il ne suffit plus de parler seulement de l’intégrité des écosystèmes. Il faut oser parler de l’intégrité de la vie humaine, de la nécessité d’encourager et de conjuguer toutes les grandes valeurs.

La disparition de l’humilité chez un être humain, enthousiasmé malheureusement par la possibilité de tout dominer sans aucune limite, ne peut que finir par porter préjudice à la société et à l’environnement. Il n’est pas facile de développer cette saine humilité ni une sobriété heureuse si nous nous rendons autonomes, si nous excluons Dieu de notre vie et que notre moi prend sa place, si nous croyons que c’est notre propre subjectivité qui détermine ce qui est bien ou ce qui est mauvais. » (N° 224).

4. La confiance en la fidélité de Dieu qui, aujourd’hui encore,

« nous offre les forces ainsi que la lumière dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie qui nous aime tant, continue d’être présent. Il ne nous abandonne pas, il ne nous laisse pas seuls, parce qu’il s’est définitivement uni à notre terre, et son amour nous porte toujours à trouver de nouveaux chemins. » (N° 245)

L’encyclique se termine sur une prière dans laquelle le pape précise son invitation à « prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste. » (N° 244)

Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi.

Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence, aiment le bien commun, promeuvent les faibles, et prennent soin de ce monde que nous habitons.

Les pauvres et la terre implorent :

Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur, pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté.

Loué sois-tu.

Amen.

 Thierry Scherrer Évêque de Laval

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