(…) Le don de science permet de lire notre histoire et de voir le créé à la lumière de Dieu. Il permet de nous élever, à partir du créé, vers Dieu. Par ce don, l’Esprit-Saint fait produire à notre vertu de foi une lumière pour voir chaque chose sous son véritable jour. Chez saint François d’Assise, cela se traduit par son Cantique des créatures qui chante le créé tel qu’un croyant peut le contempler en toute vérité. Car le créé dit Dieu au point que, lorsque je vois la créature, je vois Dieu et je chante Dieu : «  Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures spécialement messire frère soleil par qui tu nous donnes le jour, la lumière ; il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de toi, le Très-Haut, il offre le symbole. » Le livre de la Sagesse l’avait dit depuis longtemps : «  La grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie Celui qui en est le Créateur. » (Sg 13, 5) Et saint Paul parle de la même manière aux Romains : « Ce qui se peut connaître de Dieu est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté. En effet, ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. » (Rm 1, 19-20) (…)

Si la création parle de Dieu, si c’est un livre qui proclame les merveilles de Dieu, et si nous aussi nous sommes insérés dans la création du fait que nous sommes nous aussi créés, alors notre regard change le monde : nous avons la vocation de cultiver, d’amener à la perfection cette création qui gémit en travail d’enfantement à cause de nous : « La création, en effet, a été assujettie à la vanité – non de son gré, mais par la volonté de celui qui l’y a soumise – avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. » (Ro 8, 20) Puisque Dieu est entré dans la création en y incarnant son propre Fils, ce n’est pas simplement comme des hommes que nous devons restaurer la création dans sa beauté première, mais c’est comme des fils de Dieu que nous devons mener la création à son achèvement. Le ciel a besoin de nous pour raconter la gloire de Dieu. (…)

Voir les choses à la lumière de notre foi va donc impliquer de regarder le monde selon Dieu : les choses du monde que nous voyons ne durent pas, mais le regard aimant, admiratif et même émerveillé que nous portons sur elles, parce qu’elles nous auront parlé de Dieu, nous sera conservé dans l’éternité.