Ceux qui travaillent quotidiennement la terre savent mieux que quiconque combien la nature a besoin d’être respectée dans ses équilibres, protégée, cultivée et utilisée avec sagesse au service du bien commun. Des prairies aux forêts, des montagnes aux océans, de la terre au ciel, cette planète est habitée et pleine de vie. Elle est un écrin pour le chef d’œuvre de la création divine, elle porte en son centre la présence de l’homme. Elle est la maison commune où chacun doit pouvoir trouver sa place et y être heureux. Depuis l’encyclique Laudato Si (2015), le Pape François ne cesse d’appeler à un sursaut de responsabilité de toute l’humanité pour préserver cette maison commune. Beaucoup de signes semblent montrer qu’au niveau environnemental son cri a été entendu et qu’il résonne désormais de toutes parts comme une parole de bon sens qu’il s’agit non seulement de prendre au sérieux, mais d’accueillir comme un appel à une conversion personnelle et collective. Tout semble donc aller dans la bonne direction.
Pourtant, en y regardant de plus près, on se rend compte dans la réalité que, bien loin de protéger la maison commune, on est en train de la démolir de haut en bas. S. Exc. Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, développait avec pertinence cette idée dans une homélie du 3 juillet 2021 : « Nous avons d’abord consciencieusement, tout au long des deux siècles passés, démonté la toiture, le toit de la maison. Le toit, c’est-à-dire le ciel, la perspective transcendante, le sens, la finalité de la vie. On l’a remplacé, il est vrai, par des « faux-plafonds », des dynamiques immanentes, « le grand soir » qui a fait long feu, le progrès dont nous mesurons aujourd’hui tout à la fois l’aspect fascinant mais aussi les ambiguïtés. Depuis quelques temps, la toiture de la maison commune étant démontée, nous nous sommes lancés dans un démontage plus rapide encore du plancher, ce qui nous porte. A grand coup de déstructuration et aujourd’hui de woke et de cancel culture, il semble que nous assistions au démontage systématique de ce qui faisait notre commune humanité, notre « grammaire de l’existence », la dimension universelle de la personne humaine, ce qu’est cette personne ».
La préservation de la maison commune, du toit au plancher, est une urgence. Elle exige une prise de conscience radicale, car elle ne peut pas se limiter à la protection de l’environnement, même dans toutes ses dimensions. Elle doit passer par la prise en compte d’une authentique écologie humaine intégrale, elle seule peut reconstruire le toit de la transcendance et le plancher de l’anthropologie. Sinon la maison commune ne sera jamais un lieu sûr où l’homme peut vivre dans la justice et la paix.
Puisse le Seigneur faire de nous, non seulement des cultivateurs responsables de son jardin, mais des hommes et des femmes engagés dans la reconstruction de la maison commune par le témoignage de notre relation à Dieu, créateur de tout l’univers, et de notre relation à tous nos frères, tous créés et aimés par Lui. En aimant Dieu et tous nos frères, nous préservons vraiment la maison commune.