Billet spirituel -Juillet 2019

Vendredi 6 septembre 2019

De petits moyens qui fortifient

Ps 148, 7 « De la terre, louez le Seigneur,…8, feu et grêle, neige et vapeurs, vents impétueux, qui exécutez ses ordres, 9, montagnes, et vous toutes, collines, arbres fruitiers, et vous tous, cèdres. » Les sévères avertissements d’un ciel déversant sa grêle nous ont fait oublier que le temps lui-même obéit aux ordres du Créateur et concourt à la louange universelle de la création et qu’une leçon, peut-être d’humilité, doit être reccueillie de toute traversée orageuse spectaculaire bousculant notre univers sécurisé par le rythme paisible des saisons.

Oui les paysans, plus que d’autres catégories sociales peut-être, se frottent tous les jours aux caprices du temps et apprennent ainsi à assouplir leurs jugements sur les démarches administratives ou sur les politiques agricoles qui engrêlent souvent leur espace vital alors que d’autres secteurs sociaux, montés en graine, sont plus violemment tentés de recours désespérés. Les paysans au contraire apprennent à miser sur l’espérance car le Seigneur reste le Bon Maître de l’Evangile et ils savent que la terre, passée l’orage, redevient la collaboratrice généreuse de leur transpiration et ne demande qu’à être à nouveau travaillée et fécondée dans la promesse de récoltes toutes proches.

D’ailleurs une bénédiction particulière des cloches de nos églises rappelle à tous qu’à l’exemple du bienheureux législateur Moïse recevant de Dieu l’ordre de fabriquer des trompettes d’argent pour que les prêtres en sonnent au moment du sacrifice et que le peuple, averti par leur son plein de douceur, se prépare et se rassemble pour adorer et célébrer son Dieu, l’Eglise elle aussi, dans une humble soumission, implore de l’Esprit Saint la sanctification de ses cloches afin qu’à leur toucher et à leur son les fidèles soient invités à franchir le porche des ses sanctuaires et à recevoir la récompense du ciel.

Mais ce n’est pas tout car nous vivons maintenant non plus dans les figures et les symbolismes mais dans la réalité d’un monde racheté par le sang du Christ, alors l’Eglise confie aux cloches d’autres missions qui doivent encourager les fidèles dans leur vie très ordinaire de pèlerins de l’éternité : la mélodie des cloches augmente en eux la dévotion de leur foi, elle chasse au loin toutes les embûches du démon, le fracas de la grêle, la violence des tempêtes, elle tempère l’acharnement des orages et enfin, la vigueur de la force divine prosterne les puissances maléfiques de l’air qui, au son des cloches, tremblent et s’enfuient devant l’emblème de la Croix gravée sur elles.

Evidemment comme pour tout objet béni par la prière de l’Eglise, l’ébranlement des cloches doit être accompagné d’une démarche de foi, c’est ce que réclame la puissance des sacramentaux pour être efficace. Les sacramentaux, sont, dit le Concile Vatican II, « des signes sacrés par lesquels, selon une certaine imitation des sacrements, des effets surtout spirituels sont signifiés et sont obtenus par la prière de l’Église. Par eux, les hommes sont disposés à recevoir l’effet principal des sacrements, et les diverses circonstances de la vie sont sanctifiées ». Ici les cloches bénites lancées à la volée pour appeler les fidèles à la prière ou les faire parer au danger remplissent parfaitement la mission que l’Eglise leur confie d’accompagner notre pèlerinage terrestre. Pourtant dom Guéranger relevait déjà en son siècle le peu de cas que les chrétiens faisaient d’un des sacramentaux les plus populaires, l’eau bénite, il instruisait ainsi les fidèles : " La vertu des Sacramentaux, comme celle des Sacrements, procède du sang de la Rédemption, dont les mérites sont appliqués à certains objets physiques par l’action du sacerdoce de la loi nouvelle. L’indifférence à l’endroit de ces moyens secondaires du salut serait aussi coupable qu’imprudente ; et cependant, à cette époque d’affaiblissement de la foi, rien n’est plus commun que cette indifférence. Il est des catholiques pour qui l’eau bénite est comme si elle n’existait pas ; ils ne réfléchissent jamais sur l’usage continuel qu’en fait l’Eglise, et se privent, de gaieté de cœur, du secours que Dieu a daigné mettre à leur portée pour fortifier leur faiblesse et purifier leurs âmes."

Alors aidons-nous de ces petits moyens pour fortifier notre regard d’enfant vers Dieu.

Un moine de l’Abbaye de Triors

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