Tournons maintenant nos pensées vers Noël qui est à nos portes. Avec la venue du Christ, le grand fleuve de l’histoire est arrivé à une « écluse » et repart à un niveau supérieur. « Les choses anciennes ont disparu, voici que des choses nouvelles sont nées » (2 Co 5, 17). Le « fossé » qui séparait Dieu de l’homme, le Créateur de sa créature, est comblé. Ce n’est pas pour rien que l’histoire humaine se divise dès lors en « avant le Christ » et « après le Christ ».
Il y a des cartes de Noël naïves, mais ayant une signification profonde. On y voit l’Enfant Jésus, pieds nus dans la neige et une petite lanterne à la main, de nuit ; il attend devant une porte à laquelle il a frappé. Les païens imaginaient l’amour comme un enfant auquel ils donnaient le nom d’Eros. C’était une représentation symbolique, voire purement et simplement une idole. Nous savons que l’amour est effectivement devenu un enfant, qu’il est désormais une réalité, un événement, voire une personne. « L’amour du Père s’est fait chair », c’est ainsi qu’un auteur du IIe siècle paraphrasait le verset de Jean 1, 14 (Evangelium Veritatis, 23 ; I Vangeli gnostici, a cura di L. Moraldi, Milano, Adelphi, 1984, p.33). L’amour s’est en effet fait enfant : l’enfant Jésus.
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ». (Ap 3, 20) Ouvrons la porte de notre cœur à cet Enfant qui frappe. La plus belle chose que nous puissions faire à Noël n’est pas, disais-je, d’offrir quelque chose à Dieu, mais d’accueillir avec émerveillement le don que Dieu le Père fait au monde de son propre Fils.
Une légende raconte que parmi les bergers qui allèrent voir l’Enfant dans la nuit de Noël, il y en avait un, tout jeune, et si pauvre qu’il n’avait rien à offrir à sa Mère ; du coup, il se tenait à l’écart, honteux. Tous se battaient pour donner leur cadeau à Marie. Cette dernière n’arrivait pas à les prendre tous, car elle tenait l’Enfant Jésus dans ses bras. Voyant à côté d’elle le petit berger aux mains vides, elle prit l’Enfant et le lui mit dans les bras. Sa chance à lui était de ne rien avoir. Qu’elle puisse être aussi la nôtre !
Allons à la rencontre du Christ qui vient les mains vides, mais le cœur plein de gratitude et d’émotion.
Unissons-nous à l’émerveillement et à la joie de la liturgie qui, à Noël, reprend - comme un fait accompli et non plus comme une simple prophétie - les paroles d’Isaïe (9, 5) :
« Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».