Méditation du mois de juillet 2010

Père Emmanuel
Jeudi 15 juillet 2010

La prière du Christ - L’Eucharistie, matrice de toute prière

La prière du Christ

Lorsque les apôtres demandèrent au Seigneur de lui apprendre à prier, celui-ci leur donna la prière du Notre Père. En nous permettant d’appeler son Père « Notre Père », il révélait qu’il nous introduisait dans sa relation filiale.

L’Évangile de Jean le révèle à sa manière lorsqu’il nous rapporte la réponse de Jésus à Marie-Madeleine, au matin de Pâque : « Va à mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (20,17).

Cette première prière que Jésus enseignait à ses apôtres en annonçait une autre qui n’est plus seulement une prière de demande et d’espérance, mais un accomplissement mystérieux par lequel le Christ resterait avec son Église partout et jusqu’à la fin des temps : l’Eucharistie.

L’Eucharistie : matrice de toute prière

Nous le rappelions le mois précédent, le Christ est le seul à pouvoir offrir à Dieu une prière qui lui plaise. Si donc nous voulons prier, l’unique voie qui nous est offerte est le Christ lui-même : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; nul ne vient au Père que par moi. » (Jn14,6).

Dans l’Eucharistie, le Seigneur nous donne sous une forme sacramentelle sa prière et plus particulièrement la prière qu’il a fait monter vers son Père alors qu’il offrait sa vie pour nous sur la Croix. Nous sommes bien sûr bénéficiaires de ce sacrifice du Christ, mais en nous sauvant, il nous invite à le suivre par le désir, la pensée, le vouloir, les paroles et les actes.

Ainsi, le Notre Père est la prière d’intercession par excellence et l’Eucharistie est la vie de prière complète par excellence : elle embrasse tout, l’adoration, la louange, l’action de grâce, la supplication aussi (c’est la raison pour laquelle le Notre Père, très tôt dans la vie de l’Église, sera intégré à l’Eucharistie).

L’Eucharistie instituée par le Christ et célébrée par l’Eglise

La liturgie eucharistique que nous pratiquons aujourd’hui, dans quelque rite que ce soit, est d’une certaine manière très différente de celle que le Christ a institué le soir du Jeudi Saint. Elle s’intégrait alors dans la liturgie juive de la Pâque et les deux seuls apports propres, selon ce que nous rapporte les évangiles, ont été la consécration du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Seigneur et le lavement des pieds.

Tout le développement liturgique n’a qu’un but : déployer, d’une manière synthétique et pédagogique, toute la richesse de l’acte central de la consécration et de la communion. Ainsi, l’eucharistie ne doit jamais être considérée comme une reconstitution historique de la Sainte Cène (une tendance très présente dans la Réforme mais qui a existé même au sein de l’Église). En ce sens, l’Eucharistie est le lieu éminent de la collaboration de l’Église avec son Seigneur, cette collaboration pour laquelle l’assistance de l’Esprit Saint lui a été promise.

Tout le déploiement liturgique du mystère eucharistique est donc un enseignement qui révèle la plénitude de l’acte central dont la simplicité et la profondeur pourraient facilement nous échapper.

Cette « manuductio » liturgique est un peu comparable au rapport de l’Évangile tout entier avec le mystère de la Croix : le sacrifice du Christ est à lui seul la plénitude de la Révélation, la source du Salut, la manifestation de sa divinité et sa relation filiale au Père. Il contient tout, ce qui fera dire à Saint Augustin que le Christ est sur la Croix comme le maître de sagesse sur sa chaire d’enseignement. Mais sans l’évangile, nous serions très certainement incapables de comprendre ce langage, d’en saisir l’infinie richesse. La Croix serait alors pour nous un aliment tellement riche que nous ne pourrions pas nous en nourrir. Par ses actes et son enseignement, le Seigneur a ouvert notre esprit pas à pas, il a fortifié notre confiance, il nous a permis de comprendre qu’il était l’accomplissement de tout ce que l’Ancien Testament annonçait.

Ainsi, tout l’Évangile nous parle de la Croix et converge vers elle : elle est en effet l’acte par lequel l’humain a été complètement investi par le divin, l’Amour éternel du Fils pour le Père s’est traduit par le don de sa vie pour notre salut par amour pour le Père : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Le mystère de la Croix est l’acte humano-divin (théandrique) parfait. Il est cet accomplissement (téléiosis en grec) sur lequel l’Épitre aux Hébreux est tout entière centrée (comme l’a admirablement montré le p. Albert Vanhoye). Nous essaierons, dans les prochains mois, de nous appuyer sur cette prière centrale et de comprendre de quelle manière nous sommes invités, par l’Eucharistie, à nous approprier la prière du Christ lui-même.

Auparavant, toutefois, au tout début de cette veillée tout entière consacrée à la prière et la louange, le Seigneur « se leva de table, posa son manteau, et ayant pris un linge, il s’en ceignit. Puis il versa de l’eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. » (Jn13,4-5).

Nous retrouvons donc un geste qui nous rappelle le rite pénitentiel qui ouvre la messe. D’ailleurs, plus précisément, le Seigneur fait comprendre le sens de ce rite pénitentiel. Heureusement que Pierre était là !

Il vint donc à Simon-Pierre : et Pierre lui dit : « Quoi, toi Seigneur, tu me laves les pieds ! » Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. » Pierre lui dit : « Non, jamais tu ne me lavera les pieds. » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Celui qui a pris un bain n’a besoin que de laver ses pieds ; il est pur tout entier. Et vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous. » (Jn13,6-10)

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