Méditation du mois d’août 2013

Père Jean Tribut
Mardi 30 juillet 2013

« Cultiver et garder le créé »

Le mois d’août, pour le monde de l’agriculture, demeure un mois d’activités, alors que beaucoup de nos concitoyens profitent d’un temps de vacances. N’est-ce pas le moment, en cette période encore ensoleillée, de goûter, d’apprécier les fruits de la terre, les dernières récoltes, les fruits qui mûrissent sous les rayons du soleil, la terre, cette terre nourricière se préparant à accueillir de nouvelles semences… La création, que la saison de l’été a habillée d’autres couleurs, répand toujours ses odeurs qui, elles aussi, sont autres, odeurs de la sécheresse ou de l’humidité, odeur des chaumes, des regains, de la terre à nouveau travaillée attendant d’être ensemencée…

Les différentes activités ne nous donnent pas toujours le temps de regarder, de sentir, de toucher, de contempler… cette création en travail. Donner un peu de temps à ce regard, en silence, nous conduit à apprécier davantage la création, cet environnement vital pour chaque être humain ; c’est contempler le Créateur et considérer son œuvre comme un don ; c’est mesurer la confiance que le Créateur fait à l’homme, « seule créature que Dieu a voulu pour elle-même » (Concile Vatican II, Constitution pastorale, Gaudium et spes, § 24) lorsqu’il met en ses mains la terre pour qu’il la cultive et la garde, nous dit le livre de la Genèse (Gn 2,15).

A ce propos, le pape François, lors de l’audience générale, à Rome, le 5 juin 2013 disait ceci : « Que veut dire cultiver et garder la terre ? Est-ce que nous cultivons et gardons vraiment le créé ? Ou est-ce que nous l’exploitons et le négligeons ? Le verbe « cultiver » évoque pour moi le soin de l’agriculteur pour la terre, afin qu’elle porte du fruit et que celui-ci soit partagé : que d’attention, de passion, de dévouement ! Cultiver et garder le créé, une indication que Dieu n’a pas donnée seulement au commencement de l’histoire, mais à chacun de nous ; cela fait partie de son projet, cela veut dire faire croître le monde avec un sens de la responsabilité, le transformer pour qu’il soit un jardin, un lieu habitable pour tous. Benoît XVI a rappelé plusieurs fois que cette tâche, qui nous est confiée par le créateur, demande que l’on saisisse le rythme et la logique de la création. Et nous, au contraire, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de la domination, de la possession, de la manipulation, de l’exploitation ; nous ne la « gardons » pas, nous ne la « respectons » pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin. Nous sommes en train de perdre l’habitude de l’étonnement, de la contemplation, de l’écoute de la création ; et ainsi, nous ne réussissons plus à y lire ce que Benoît XVI appelle « le rythme de l’histoire d’amour de Dieu avec l’homme. » Pourquoi en sommes-nous là ? Parce que nous pensons et nous vivons de manière horizontale, nous nous sommes éloignés de Dieu, nous ne lisons pas les signes qu’il donne. Mais « cultiver et garder », cela ne concerne pas seulement les rapports entre nous et l’environnement, entre l’homme et le créé, cela concerne aussi les relations humaines. Les papes ont parlé d’écologie humaine, qui est strictement liée à l’écologie de l’environnement. »

Par ces paroles, le pape François oriente notre regard vers l’être humain et sa condition. Pouvons-nous dire que la personne humaine est aujourd’hui en danger ? Certes ! Les relations humaines sont rendues difficiles, conflictuelles dans de nombreuses situations, y compris dans le milieu rural. Pourtant, nous voyons se développer des lieux de convivialité qui favorisent une rencontre simple avec les autres, là même où l’autre est considéré comme une personne.

Le contact permanant que l’on peut avoir avec la nature, avec l’environnement, façonne et renouvelle notre rapport avec les personnes. Dieu, en créant, Dieu, en se révélant à l’homme, établit avec l’homme une relation. Grâce à cette relation de vérité, l’homme découvre ou redécouvre son origine, ses racines, la vérité de ce qu’il est : une créature qui porte en elle l’image de Dieu, et qui s’avance vers un devenir : vivre éternellement en Dieu est être transformé en lui. Voilà ce qui nourrit l’espérance et donne au temps présent de l’homme de belles raisons de vivre.

Mais si l’homme perd la référence à son histoire, à son origine, que peut-il dire de lui-même ? De son devenir ? Il est ballotté au gré des modes et des idéologies, de l’exploitation ou de l’exclusion. Il peut même être « sacrifié aux idoles du profit et de la consommation », dit le pape François. Et ce dernier ajoute : « Je voudrais donc que nous prenions tous sérieusement l’engagement de respecter et de garder le créé, d’être attentifs à chaque personne, de nous opposer à la culture du gaspillage et du déchet, pour promouvoir une culture de la solidarité et de la rencontre. Merci ! »

Seigneur notre Dieu, tu nous as confié l’univers créé.
Apprends-nous à l’accueillir comme un don, à l’aimer et le respecter ;
Donne-nous l’intelligence du « savoir faire » afin de le rendre fructueux ;
Aide-nous à convertir nos cœurs et nos gestes au partage ;
Illumine et oriente notre regard vers la personne qui n’a plus les mots pour dire sa souffrance ;
Fais jaillir en nous la prière d’intercession comme la prière d’action de grâce ;
Sois béni, Seigneur, pour tout le monde créé que tu nous donne ;
Sois béni, Seigneur, pour ton éternelle présence auprès de nous et en nous.
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