En cette année jubilaire, qui nous parle d’Espérance, il nous est bon de nous concentrer sur notre destinée ultime : c’est là que tout prend sens, au-delà de tous les drames de l’ici-bas !
Nous avons célébré la Pâque du Seigneur, jusqu’à son Ascension, et le don qu’il nous fait de son Esprit-Saint. Nous voilà dotés, chacun, de cette grâce propre au temps liturgique dans lequel nous sommes plongés.
Notre route ici-bas, c’est "la Pâque", cette traversée… à la verticale. Vous savez que, dans le Christ, la nature humaine a été "assumée" par la nature divine, dans le sein de Marie à l’heure de l’Incarnation. Ce mot, "assumée" ("assomption"), indique, en même temps qu’une assimilation, un mouvement vers le haut. Et c’est bien ce mouvement ascendant qui va donner le cap à toute notre vie, à toute la création, à tout le dessein de Dieu. Regardez toute plante qui pousse ici-bas, tout édifice qui se construit, toute flamme qui brûle : l’orientation est montante. Thérèse parlait bien de "l’ascenseur" des bras de Jésus… Oui, assimilés dans le Christ depuis notre baptême, il nous faut avancer, mais vers le haut, et cela change la perspective ! Où et quand se fait pour nous ce passage pascal, de la mort à la Vie ?
 Où ? « in interiore », dit saint Augustin. « Rentre en ton cœur », dit-il bien souvent, « et de là, élève-toi jusqu’à Dieu, car le chemin n’est pas long de ton cœur à Dieu » 1. Notre intériorité est le lieu où s’exerce notre liberté, notre capacité de choisir ce que nous faisons de notre vie. Or, l’ambiance de notre société est nocive à cette "connexion au cœur" pour ainsi dire. Bernanos l’annonçait déjà avec tant d’intuition : « On ne comprend rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.2 » Il y a là un défi pour nous : ne nous laissons pas voler le centre de notre liberté humaine ! C’est là que nous cheminons, que nous passons de la mort à la Vie, car c’est là, au cœur de notre cœur, que le Seigneur nous rejoint, nous habite, nous irrigue de sa grâce et de ses dons, nous fait croître en cultivant avec nous notre terre intérieure, dont nous sommes responsables.
Et pour rejoindre ces profondeurs en nous, il revient à chacun d’en prendre les moyens. Mais pour nous aider à les trouver, posons-nous la question du « quand ».
 Quand "passons-nous", au sens pascal du terme ? À l’instant. Pas dans le sens "immédiatement", comme on cliquerait sur un onglet d’ordinateur. Mais "maintenant", dans l’instant présent, qui est le seul « temps favorable » (2Co 6,2). Nous passons notre temps à passer ! Et ce passage vers la Vie (selon notre choix) se fait en ce seul moment qui soit en notre pouvoir : l’instant présent. Hier, le passé, ne nous appartient plus. Demain, le futur, n’est pas encore en notre possession. Je suis libre, maintenant. Libre de choisir d’aimer ou non. « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères » (1Jn 3,14).
Soignons l’instant présent, chers amis, remplissons-le de ce qui dépend de nous, accueillons-y la grâce pascale, qui nous fait « monter maintenant avec le Christ par le cœur », dit encore saint Augustin. « Que nos pensées soient là où Il est, et ici-bas, ce sera le repos »… dans l’Esprit !
