Billet spirituel - février 2016

Mercredi 16 mars 2016

Billet spirituel - février 2016 : « Le voici, le moment favorable. » (2 Co 6, 2)

« Le voici, le moment favorable. » (2 Co 6, 2)

Le temps du Carême est un temps de grâce, un temps favorable pour la conversion, un temps que Dieu nous donne pour que nous le lui rendions dans l’action de grâce, rempli d’amour et d’œuvres de miséricorde. Mais souvent nous nous « disputons » avec le temps, nous nous battons avec lui ou contre lui.

Un aspect de la « conversion écologique » (Laudato Si § 5 ; 216-221) pourrait consister à retrouver le sens du temps et sa valeur. Le « moment favorable » du Carême pourrait nous aider à nous libérer des pollutions mentales ou intellectuelles qui consistent à toujours vouloir chercher à gagner du temps pour nous donner l’illusion que nous n’en perdons pas. Si le temps du Carême doit nous permettre de nous réconcilier avec Dieu, il est aussi l’occasion de nous réconcilier avec le temps et peut-être aussi avec le … Carême !

Dans un monde sous dictature économique avec la complicité de la technique, toujours plus de technique, il faut aller toujours plus vite et surtout plus vite que les autres !

Si l’homme « économique » cherche toujours à maîtriser le temps et à en gagner — c’est bien connu, le temps, c’est de l’argent —, le chrétien, lui, accueille le temps comme une grâce, un don gratuit. Voilà pourquoi il a le temps de prier. Si nous n’avons pas le temps de prier, c’est peut-être que nous avons fait de la prière une technique… Pour priez de temps en temps, il faut trouver le temps et on a rarement le temps ! Mais prier pour prier sans cesse (1 Th 5, 17), — il n’y a plus de questions à se poser —, on peut toujours.

Dans la nature, comme dans la vie surnaturelle, le temps ne se mesure pas par le nombre d’activités ou à la croissance des profits. Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. 2 Pi 3, 8

Le temps, puisqu’il appartient à la création, nous est donné pour que nous lui fassions porter du fruit. Il faut cultiver le temps comme on cultive son champ ! L’ensemencer de ce qui est vraiment bien, bon et vrai. Le temps ne respecte pas l’œuvre faite sans lui. La vitesse peut être efficace, elle sera rarement féconde. La vitesse, toujours plus vite, toujours plus de choses en un temps record, est une forme de pollution qui va à l’encontre des désirs d’énergie durable. La nature est lente et a ses propres rythmes.

Il en va ainsi de notre vie spirituelle, toute entière suspendue à la grâce de Dieu. Elle se déploie dans les différents temps liturgiques mais Dieu, au delà du temps, peut à chaque instant faire ce qui à nos yeux et par notre propre industrie ne pourrait s’obtenir même en de longues années.

Ainsi la prière peut-être un temps perdu à vue humaine, mais c’est du temps gagné car elle nous met au contact de l’éternité. Celui qui perd sa vie la gagne. Seul celui qui prie sans cesse –quelle que soit la forme de cette prière- vit bien le temps que Dieu lui accorde.

« Une pause de véritable adoration a plus de valeur et de fécondité spirituelle que l’activité la plus intense, fût-elle apostolique ». Saint Jean Paul II

« Une seule pensée de l’homme vaut plus que le monde entier ; c’est pour cela que Dieu seul en est digne. » Saint Jean de la Croix

Père Cyril Farwerck

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