Billet spirituel - Octobre 2016

Jeudi 17 novembre 2016

« Merci à vous paysans »

Octobre c’est le temps où, normalement, les récoltes s’achèvent. Octobre est aussi le temps de l’enfouissement, la semence est déposée en terre avec l’espoir d’un fruit qu’elle va donner l’année suivante. Mais cette année, avec les conditions climatiques très défavorables et les cours très bas des produits de la terre, un grand nombre de paysans ne pourront plus faire ce geste du semeur. Alors que par leur travail passionné et acharné ils ont nourrit les hommes, ces derniers ne sont plus capables d’assurer leur subsistance par un juste salaire. La récolte c’est le temps de l’action de grâce : remercier le Créateur pour les dons de la Création même si quantitativement ils ont pu être faibles. Comme le dit Saint Paul, si c’est l’homme qui sème, c’est Dieu qui fait pousser. Et c’est aussi un appel aux consommateurs à remercier le paysan qui les a nourrit. Notre Saint Père, le Pape François disait avec force en avril dernier : «  merci à toi qui es paysan. Ton travail est indispensable à toute l’humanité. En tant que personne, en tant que fils de Dieu, tu mérites une vie digne. » Puis il ajoute : « Mais je m’interroge : comment tes efforts sont-ils rétribués ? La terre est un don de Dieu. Il n’est pas juste de l’utiliser au seul bénéfice de quelques-uns, en dépouillant la plupart des gens de leurs droits et des avantages qui leur reviennent. » C’est alors qu’il donnera comme intention de prière « Que les petits exploitants agricoles reçoivent une juste rémunération pour leur travail précieux. » Une mère de famille qui passait au sanctuaire de Pellevoisin il y a quelques semaines, me disait qu’il est important pour nous, consommateurs des produits de la terre, que nous puissions parrainer dans la prière une famille paysanne, non pas d’abord parce que le monde agricole souffre mais d’abord pour reconnaître que c’est eux qui nous nourrissent et que donc notre vie dépend d’eux. Et elle rajouta : «  Ce serait une belle manière de leur dire merci  ». Ce merci n’est il pas, à vous paysans, une des justes rémunérations pour votre travail précieux ? D’une manière spéciale les chrétiens que nous sommes, qui vivons du Mystère de l’Eucharistie, vous remercions pour le blé et le vin, fruits de la terre et de la vigne et du travail des hommes, qui sont transsubstantiés en corps et sang de notre Sauveur Jésus Christ. C’est le plus beau fruit qu’un travail puisse porter : participer à « la gloire de Dieu et au salut du monde  ».* C’est pour cela qu’existe ce lien mystérieux et fort entre le prêtre et le paysan. Pas de prêtres sans paysans et non plus pas de paysans sans prêtres. Nous prêtres, devons rendre grâce dans chaque Eucharistie célébrée, pour votre vocation à cultiver la terre qui produit ce blé et ce vin donnés à l’offertoire de la messe. Nous prions pour tous ces paysans qui sont morts ou qui ont cessé leur activité parce que broyés dans leur vocation comme le grain qui est broyé sous la meule afin de donner la farine pour le pain. Enfin le mois d’octobre est le mois de Marie, Notre Dame du Rosaire. C’est la Vierge Marie qui a « détecté » le manque de vin aux Noces de Cana et qui présente ce manque à Jésus. Et Jésus a donné pour la joie des jeunes mariés et des convives, 600 litres d’un vin excellent. Qu’elle soit toujours votre avocate auprès de Jésus en lui présentant tous vos manques et vos besoins et qu’elle puisse toujours lier votre vocation au Mystère de l’Eucharistie par un travail toujours plus contemplatif. « Mon exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom. »

Frère Eric Communauté St Jean - Pellevoisin

*Je vous invite à lire l’excellent éditorial de Fabrice Hadjadj dans le revue « Limite » n°3 de mai 2016 (Ed. du Cerf) et intitulé « Economie Eucharistique » qui nous parle avec force de ce blé et de ce vin que Dieu a voulu pour réaliser ce grand miracle qu’est l’Eucharistie.

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