Billet spirituel - Avril 2018

Jeudi 26 avril 2018

L’arbre de vie de la croix

«  O Crux, ave, spes unica !  ». « Ô croix d’un Dieu mourant, notre unique espérance !  ». Le temps pascal déploie toutes les richesses de la croix victorieuse : la résurrection glorieuse de Jésus, la résurrection spirituelle de nos âmes, notre résurrection corporelle à venir, la création renouvelée. L’instrument de notre salut est un arbre, l’arbre de la croix. Ce choix divin ennoblit tous les arbres, précieux et indispensables à notre vie sur cette terre. « J’ai grandi comme le cèdre du Liban, comme le cyprès sur le mont Hermon. J’ai grandi comme le palmier d’Engaddi, comme les plants de roses de Jéricho, comme un olivier magnifique dans la plaine, j’ai grandi comme un platane. J’ai étendu mes rameaux comme le térébinthe, rameaux de gloire et de grâce. Je suis comme une vigne aux pampres gracieux, et mes fleurs sont des produits de gloire et de richesse » (Si 24, 13-17) : la Bible aime les arbres et l’Artisan divin a travaillé le bois des arbres dans son atelier de Nazareth, avec saint Joseph.

Certes, l’arbre de la croix auquel Jésus a été suspendu, sur lequel il a souffert avant d’y mourir pour nous, est à ce moment-là cause d’immenses douleurs et d’humiliation profonde pour Dieu fait homme. Mais parce que le Christ s’est abaissé «  jusqu’à la mort sur une croix, Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom  » (Ph 2, 8-9). L’instrument du supplice est devenu la croix triomphante : «  Arbre illustre enrichi de la pourpre sanglante de ce roi divin mort en toi, Que cette chair sacrée en tes bras languissante rend infiniment saint aux yeux de notre foi.  »

La splendide mosaïque du 12e siècle, qui orne l’abside de la basilique romaine de Saint-Clément exprime merveilleusement le triomphe de la croix du Sauveur. C’est un immense arbre de vie dressé entre ciel et terre qui s’origine aux quatre fleuves du Paradis et se déploie comme une vigne aux multiples rinceaux, symbole de l’Église et de la vie qui se déploie à partir de la croix du Christ.

Au centre de la mosaïque, dans une coupole toute en or, se détache la croix sur laquelle Jésus trône, entouré de douze colombes, ses douze apôtres. De part et d’autre de la croix, la Vierge Marie et saint Jean. Le pied de la croix est couvert par un buisson duquel jaillissent les sources divines et se désaltèrent les cerfs. Le pied de la croix est « la racine féconde, fantastique, qui s’étend en cinq ordres d’enroulements et développe toute la richesse d’embellissement que fournit une luxuriante végétation. On y voit des grappes, des fruits, des paniers pleins de fleurs et des vases de différentes sortes. L’intention symbolique du sujet est de représenter la vigne mystique, l’Eglise, rendue verdoyante et féconde par la vertu de la croix  » (Dictionnaire d’archéologie chrétienne). A l’intérieur des cinquante volutes symétriques de la plante, se trouvent toutes sortes de motifs d’ornementation. Entre les volutes sont représentés les quatre docteurs de l’Église latine (Ambroise et Grégoire à droite, Jérôme et Augustin à gauche) et des scènes de la vie quotidienne : un moine donnant à boire à un oiseau, un jeune homme tendant la main vers un oiseau, trois hommes en manteau rouge, deux enfants, et, tout en bas, une femme donnant du grain à des poules, des bergers avec leurs ovins, deux paons. Bref la sanctification des personnes dans leur vie quotidienne. A mesure que l’on s’élève vers le sommet de la voûte, où on voit la main du Père tenant la couronne destinée au Christ triomphant, on passe de la vie terrestre à la vie céleste. Il y a un dynamisme de cette mosaïque : en haut de la croix, la main du Père se tend vers le bas, elle descend le long de la croix pour porter vie et résurrection aux hommes mais aussi pour les attirer vers le haut pour les entraîner vers la liberté et le ciel promis par Dieu. Si l’homme se laisse prendre dans une volute de la vigne, alors il monte avec le Christ jusque dans la main de Dieu.

L’arbre de la croix est désormais l’arbre de vie dans les branches duquel se nichent les oiseaux, à savoir les personnes, les familles, les peuples. « Puis l’Ange me montra le fleuve de Vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de la place, de part et d’autre du fleuve, il y a des arbres de Vie qui fructifient douze fois, une fois par mois ; et leurs feuilles peuvent guérir les païens » (Ap 2, 21-2).

Père Victor Mac Auliffe, Oblat de Saint-Vincent de Paul. 1er avril 2018.

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