L’importance de l’arbre dans l’agriculture

Le Bois Raméal Fragmenté - L’agroforesterie
Lundi 15 février 2010

par Yvan Besson, lors des Journées Régionales de l’Aquitaine, le 22 novembre 2009.

Si « la fertilité vient de l’arbre », on considère généralement en Europe que le bon arbre est un arbre mort ! Le progrès dit-on est venu avec le défrichage : en effet le travail des racines, l’accumulation de litière (souterraine et en surface) et de carbone, le rééquilibrage du pH ont constitué pour des générations un capital sol considérable mais épuisable, avec des dégâts collatéraux au climat (effet Albedo favorisant l’évapotranspiration), à la biodiversité végétale et animale (surtout dans les régions très spécialisées), et donc aussi à la beauté des paysages.

Il est donc temps d’envisager de réconcilier l’arbre et l’agriculture en reconsidérant différentes utilités et utilisations de l’arbre dont le BRF, l’agroforesterie en particulier.

1- Le bois raméal fragmenté.

Après une coupe du bois, il reste généralement le branchage qu’on laisse sur place. Si ce petit bois, inférieur à 7 cm de diamètre, est ramassé et broyé, on peut l’utiliser comme amendement humique en épandage sur le sol avec une incorporation de surface – c’est le BRF testé d’abord au Canada par Gilles Lemieux.

Malgré un effet dépressif possible sur la culture en première année (concurrence pour l’azote) et un coût non négligeable en énergie, les effets du BRF sont largement positifs :

  • Il favorise l’agrégation du sol : amélioration de la structure.
  • Il corrige le pH vers la neutralité.
  • Il réduit le besoin en eau des plantes : effet éponge.
  • Il améliore la vie biologique par la constitution de nouvelles chaines alimentaires, la réduction des pathogènes, la collaboration avec les racines des plantes
  • L’humification se fait dans le sol.
  • L’humus est plus stable car issu de la lignine des arbres, les apports sont donc plus espacés dans le temps qu’avec un fumier par exemple.
  • Il est riche en minéraux.
  • Il modifie la flore adventice et son agressivité.

Voilà une solution efficace, qui ne prétend pas être globale, mais qui peut en faisant « feu de tout bois » remettre en état des parcelles…

2- Le renouveau de l’agroforesterie.

L’agroforesterie est basée sur le principe d’une complémentarité entre les arbres et les cultures, que nous connaissions par exemple avec les pêchers de vigne ou les arbres dans les bocages (échange ombre pour le bétail contre bois de chauffage).

Le témoignage filmé de F. de Soos a permis de comprendre que l’on pouvait espérer bien davantage. Chaque fois que l’homme plante des arbres, il a en tête une vision patrimoniale, pour ses enfants, pour la société future… qui peut être compatible avec un revenu à moyen terme, par exemple amandier et blé dur à Laure Minervois ou noyers à fruits et maïs en Isère, peupliers et maïs dans les Landes.

En fait, il s’agit de plantations alignées et à faible densité qui permettent la mécanisation, pour que la concurrence soit supportable avec la culture : dans ce cas la rentabilité est presque identique à une culture seule.

  1. Vis-à-vis du sol, l’arbre fonctionne comme un accumulateur de carbone, non seulement pour sa croissance mais aussi par l’accumulation des feuilles et des racines annuelles, qui favorisent la pénétration de l’eau dans le sol.
  2. L’arbre récupère l’azote non fixé par la culture et les lessivages chimiques ; c’est donc de l’eau de meilleure qualité qui descend vers la nappe phréatique.
  3. L’arbre a aussi un rôle d’apaisement du climat pour les précipitations, le régime des vents, les températures.
  4. La plantation d’arbres, en améliorant la biodiversité, est favorable à la vie de la micro-faune et des pollinisateurs  ; en offrant des abris pour les animaux ; en participant à l’embellissement des paysages et à la diversification des activités de la ferme, si on choisit des essences variées et de bonne qualité grumière.
  5. En améliorant le sol, les arbres participent en douceur au passage de l’agrochimie à l’agrobiologie.
  6. Par le compostage de surface, car la nature ne fait pas de tas (Rush, agronome suisse) les mycorrhizes se développent (Howard).

En conclusion, la plantation d’arbres revalorise la Création,

    • en améliorant les ressources forestières
    • en diversifiant les activités agricoles
    • en considérant l’arbre comme une ressource renouvelable en agroforesterie, en bioénergie (plaquettes pour le chauffage), sous forme de haies, brises vent, en réconciliant ‘agriculture et les activités de chasse, pèche et cueillette.
    • en embellissant la nature : rupture des lignes, variétés des formes et des couleurs.

L’arbre est donc un facteur important de l’aggradation des sols.

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