Billet spirituel - Avril 2021

Mercredi 5 mai 2021

Vigile

Jésus ressuscité ruisselle de la vie fruit de sa mort offerte par amour sur la croix. Le printemps, où la vie renaît partout dans la nature, se joint à notre joie de la résurrection glorieuse.

Lorsque Dieu appela Jérémie à être prophète, il lui demanda : « Que vois-tu, Jérémie ? Et je dis : Je vois un rameau d’amandier. Et Yahvé me dit : Tu as bien vu, car moi je veille sur ma parole pour l’accomplir » (Jr 1, 11-12). L’amandier se dit shâqed en hébreu et le verbe veiller se dit shoqed. C’est une petite parabole où Dieu se compare à l’amandier : alors que la nature s’attarde encore à la nuit de l’hiver, l’amandier déjà en fleurs semble seul veiller. Dieu, de même, ne dort pas, mais il veille sur sa parole pour que celle-ci s’accomplisse : « La parole qui sort de ma bouche ne revient pas vers moi sans effet, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et réalisé l’objet de sa mission » (Is 55, 11). Dieu part toujours de ce qui est à la portée de notre connaissance pour nous révéler son mystère. Dans son village natal, Jérémie avait dans son jardin un amandier, que les Juifs appellent précisément l’arbre hâtif, le tout premier à fleurir, l’équivalent de notre primevère : une fleur de printemps qui annonce le retour des beaux jours. Il n’est pas rare de trouver des amandiers en fleurs dès fin décembre ou début janvier, en Samarie ou en Judée. Le bois de l’amandier, arbre dont la taille peut atteindre jusqu’à dix mètres de haut, était apprécié en ébénisterie et il a dû être travaillé par Jésus à l’atelier de Nazareth. Très nutritive, l’amande est un des produits les plus estimés de la Bible, facile à transporter. Jacob offrit à son frère Esaü, en cadeau de choix, des amandes, pour obtenir leur réconciliation (Gn 43, 11).Le bouton et la fleur d’amandier devaient figurer sur chacune des sept branches du chandelier, selon les ordres de Dieu à Moïse (Ex 25, 31-33).

Yahvé veille sur l’accomplissement de sa parole : comme Jésus l’avait prédit par trois fois, après sa passion et sa mort, il ressuscite. Sa parole s’accomplit : le Verbe fait chair en la Vierge Marie revient glorieux vers son Père après avoir réalisé sa mission de sauver les hommes. Dieu éternellement vigilant nous demande de veiller. Lui, sans cesse attentif à nous, nous demande de lui être nous-mêmes présents. Tel est le sens de la Vigile pascale, qu’il n’a pas été possible cette année encore de vivre, sinon très tôt le dimanche de Pâques. Dans la nuit qui va du grand sabbat au premier jour de la semaine, Dieu mort dans sa chair s’éveille ressuscité glorieux abandonnant le linceul dont son corps était enveloppé. L’Eglise, à chaque anniversaire de la résurrection, veille pour célébrer la victoire du Christ sur la mort et pour que ses membres y participent. Comme l’amandier qui veille déjà alors que la nuit de l’hiver est encore là, le feu nouveau illumine la nuit de la mort : le cierge pascal allumé au feu nouveau symbolise le Christ ressuscité communiquant la vie à ses disciples dont les cierges reçoivent la flamme du cierge pascal. L’Exultet chante la beauté de cette nuit où la vie triomphe de la mort et la grâce du péché : « Que se réjouisse la terre, baignée de lumière éclatante ; qu’elle resplendisse de la clarté du roi éternel et qu’elle constate le recul des ténèbres qui enveloppaient l’univers ! »

Telle est la splendeur du plan de Dieu : Lui, le créateur de la nature, est le rédempteur de l’être humain. D’où l’admirable correspondance entre les œuvres créées de Dieu et l’œuvre surnaturelle du salut de l’homme : Dieu qui a créé l’homme d’une façon admirable l’a racheté plus merveilleusement encore.

Père Victor Mac Auliffe, Oblat de Saint-Vincent de Paul. 3 avril 2021.

Documents à télécharger

Revenir en haut