Relisons dans le 2e récit de la Création, comment Dieu place l’homme, encore seul, dans le Jardin :
“Yahvé Dieu planta un jardin en Eden à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal…
Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden, pour le cultiver et le garder. Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »“ (Gen 2, 8-9…15-17)
Ces versets voudraient éclairer toute notre recherche de vérité. Avant le péché, Dieu place l’homme dans le Jardin pour le cultiver et le garder. On pourrait dire d’abord que Yahvé est l’Agriculteur divin puisque c’est le Premier qui plante un jardin. Et pourquoi plante-t-il un jardin ? Pour y placer l’homme pour qu’il y soit heureux en étant lui-même à l’image du Créateur agriculteur et jardinier. Et au milieu du jardin, Dieu fit pousser l’arbre de Vie. Ne trouve-t-on pas là la source de la lumière dont nous avons besoin pour notre réflexion ?
Les méthodes culturales que nous sommes appelés à mettre en œuvre sur nos terres doivent sans cesse chercher à retrouver, à comprendre l’intelligence, l’ordre, l’harmonie de la Création. Cette terre, matrice de la vie, a été créée pour permettre de nourrir tous les hommes.
Ce qui n’était que bonheur et lumière, avant le péché, demeure source de vie pour l’homme. Mais le travail est devenu pénible. Non seulement parce que l’homme doit « gagner son pain à la sueur de son front », mais encore parce qu’il doit sans cesse chercher à retrouver l’harmonie première de la Création.
Tout le travail du paysan est de connaître, de respecter, d’aimer la terre qui lui est confiée, pour rendre gloire à Dieu et produire des fruits abondants et savoureux pour nourrir tous les hommes.
Il y a pour l’homme de la terre de chaque génération et aujourd’hui pour la nôtre, à pénétrer dans l’immensité du regard de Dieu sur la terre :
« Et Dieu vit que cela était bon ».
Et au milieu du jardin, Yahvé planta l’arbre de vie. L’arbre de Vie, c’était le privilège que le Créateur avait donné à l’homme - alors que par nature, l’homme était mortel.
Le péché lui fait perdre son privilège, mais le Fils de Dieu par l’Incarnation et la Rédemption, donne plus encore à l’homme la Vie éternelle. L’arbre de Vie dans « nos temps qui sont les derniers » est devenu l’Évangile de la Vie.
Jean-Paul II a consacré tout un enseignement traditionnel et lumineux sur l’Evangile de la Vie, traitant du respect de la Vie « de la conception à la mort naturelle ».
Humblement, dans une écologie de la terre et de l’homme, le paysan en cultivant la terre selon l’ordre de Dieu, participe à faire connaître l’Évangile de la vie. L’Évangile de la Vie pour le paysan d’aujourd’hui, c’est de se soumettre au bien de la Création, de cultiver la terre et la gérer selon l’ordre voulu par Dieu en refusant de décider lui-même ce qui est bien et ce qui est mal.
Que l’humilité, à l’image de l’humus qui fertilise nos terres, donne aux familles paysannes la fécondité et la vie en abondance - en vue de rendre la terre habitable et qu’elle permette aux hommes de prendre le chemin du nouveau Jardin.