Billet spirituel - mars 2016

Mardi 8 novembre 2016

Billet spirituel - mars 2016 : « Mois de l’attente, mois de l’espérance »

Mois de mars, mois de l’attente, mois de l’espérance.

Mois aussi du découragement, la lassitude, la nature tarde et garde son secret enfouit en elle, que sera le printemps, l’été, les récoltes ? Quand la maladie vient, que la mort frappe autour de nous et les accords nationaux et internationaux, les attentats… Tout cela finit par nous tourner la tête, nous faire perdre le sens de la vie, du travail, la confiance au lendemain.

Pourtant la souffrance, le mal, l’inquiétude, ce n’est pas tout, il faut savoir regarder, savoir parler, être ensemble, se respecter.

Comme dans un village, comme dans une famille, on est pareils et différents, mais chacun doit être comme il est, puisqu’il a un nom, on doit pouvoir le reconnaître. Car c’est en étant pareil et différent qu’on devient meilleurs, parce que chacun est responsable de son voisin, des jeunes enfants, comme des parents et surtout des vieux, puisque chacun a droit à bien vivre, comme chacun de nous. C’est à chacun de nous d’aider, de trouver ce qu’il faut faire, c’est ça aussi le savoir, et pour cela il faut savoir reconnaître les signes : comme les fleurs qui sont les signes du printemps qui revient, l’amandier, le premier arbre qui fleurit, le rose parfois fin février, le blanc pour la semaine Sainte. Mais aussi il y a les signes de la tristesse, du découragement, surtout chez ceux qui ne disent rien, qui sont isolés, surchargés de travail, pauvres, malades, en prison, la maman qui attend son 4e et qui est débordée, fatiguée. C’est simple, et c’est ça vivre ensemble, être attentif, attentionné à l’autre.

Cela nous oblige à nous en remettre à la Providence, à Celui qui conduit Tout. Car nous serons perdus si nous ne voulons plus compter sur la Providence, si nous ne voulons plus nous laisser conduire comme par la main. L’homme propose et Dieu dispose. Pour cela il nous faut unir le travail et la prière : prier en travaillant, travailler en priant, parce que la fatigue ça décourage ; perdre courage c’est grave parce que ça donne la désespérance ; c’est plus fort que la tristesse, et se laisser aller à la désespérance est un péché ; la désespérance est le plus grand ennemi de l’homme, laissons-nous aider, car tout seul l’homme tombe. Il faut prier pour ne pas oublier que l’hiver c’est le temps de l’espérance qui prépare le renouveau du printemps. Oui, la neige, le vent, c’est beau et même les arbres qui n’ont plus de feuilles, car nous savons que les feuilles reviendront, nous en sommes sûrs, c’est simple, c’est beau la confiance. Oui, rendons hommage à Celui qui conduit tout, qui fait l’hiver et le printemps, n’oublions pas que Dieu seul commande au soleil.

Souvenons-nous, le geste bien fait est déjà une prière, il lie les hommes entre eux comme le liant soude les pierres d’une maison entre elles. En travaillant bien nous sommes tous frères. Ce qui est mieux encore c’est de faire le travail ensemble en priant, ça donne de petites joies au cœur, ça donne de la satisfaction à l’âme. C’est comme ça qu’on est heureux ensemble, c’est ça avoir l’esprit de famille : travailler, prier, être heureux ensemble et même avoir de la peine, ce qui est important c’est de bien rester ensemble.

On travaille pour soi-même pour mériter sa soupe, pour sa famille, pour que tout le monde mange à sa faim, pour ses enfants, pour leur apprendre à travailler et pour le village, pour qu’il continue à vivre. Oui, c’est comme ça qu’on apprend à vivre ensemble, à la maisonnée tout le monde travaille, ça crée des liens, c’est très important. Créer des liens entre les enfants petits et grands, les parents ; quand on travaille ensemble au moment des moissons ou des vendanges, on est tous pareils ; c’est quand le travail manque qu’on se dispute. 

Celui qui va travailler a les paumes des mains ouvertes vers l’avant. Et non pas les mains dans le dos ou dans ses poches. Ainsi il a les mains ouvertes au travail, il est prêt à accueillir le travail, car le travail ça honore l’homme, le travail ça nous grandit, et c’est Dieu qui nous le commande, oui, c’est un devoir de travailler. Les mains ouvertes comme la joie d’être ce que nous sommes, comme nous sommes avec ceux qui nous entourent, être heureux et le dire pour que les plus jeunes aient envie d’être comme nous, avec nous. Le mois de mars est cette année celui de la Passion et de la Résurrection du Seigneur Jésus, lui qui sur la Croix a dit : Que votre volonté soit faite. Rappelons-nous comment Jésus a dit son Fiat, oui, la Fiat de la Croix et qu’il avait les mains ouvertes clouées sur la Croix. Que c’est beau, que c’est grand, quand tout le long de notre vie, petits et grands, jeunes et vieux, ensemble et chacun dans son cœur, face au Calvaire nous redisons notre Fiat, comme Jésus a dit son Fiat sur la Croix, les mains ouvertes, dans l’espérance de la résurrection, du retour de la vie, du printemps : ayons toujours les mains ouvertes pour tout, pour le travail, pour la joie, pour la peine aussi.

Ces pensées s’inspirent du Trésor légué par les habitants d’un petit village d’Auvergne, appelé Randol, aux moines venus prendre la relève.

Abbaye de Randol

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