Billet spirituel - juin 2023

Mardi 20 juin 2023

Du grain de blé au pain… une « aventure pascale »

Le petit grain de blé, semé en terre, doit "mourir" pour germer, croître, porter du fruit ; doit être cueilli, broyé, pétri, afin de devenir pain, nourriture, source de vie… Ce merveilleux processus est, dans le plan de Dieu, depuis l’origine, une image, et même plus, un signe de son dessein d’amour, réalisé dans le Christ, devenu Pain vivant, dans le sacrement eucharistique.

Ce processus est celui de la Pâque : ce "passage" de la mort à la vie, ce chemin qui traverse l’épreuve pour aboutir à la joie accomplie. Thème constamment présent dans l’économie du salut, dans l’histoire du peuple de Dieu, comme une perspective de délivrance, une « culture du salut » pour ainsi dire, annonçant et préparant l’ultime « passage » de la mort à la vie, dans le Christ notre sauveur.

Cette Pâque, en effet, ne se réalise ultimement que dans le Christ.

D’abord, comme en source, dans l’union intime des deux natures en sa Personne divine, au jour de l’Incarnation : la nature humaine est assumée dans la Personne du Fils, unie à la nature divine. Et dans ce mouvement d’assomption, il y a une réparation qui s’opère : la nature humaine, étant entachée par le péché originel, était de ce fait inapte à entrer en contact avec le divin. Cette œuvre de restauration, c’est le sacerdoce du Christ, car en Lui se rejoignent les deux pôles humain et divin, comme un "pont". Le Christ "pontife", c’est-à-dire celui qui "fait le pont"…

Et ce mouvement de la Pâque s’accomplit durant toute la vie du Christ sur terre, assumant nos actions et nos sentiments les plus ordinaires ; puis, ultimement, comme au sommet, dans la traversée de la passion et de la mort par la victoire de la Résurrection et de l’Ascension. La Terre promise est atteinte. L’humanité est en Dieu.

Nous avons de quoi nous émerveiller. Par notre baptême, nous sommes intégrés, assumés (c’est une assomption !), dans ce processus de salut, de transformation. Et nous y avons même reçu le pouvoir de vivre le moindre détail de notre vie dans ce mouvement pascal. C’est le sacerdoce spirituel du baptisé. Réalité si profonde !

Le baptisé, "simple" baptisé, est donc envoyé par l’Esprit-Saint pour ordonner les réalités temporelles au Royaume des Cieux, en leur faisant vivre comme "une pâque". Et il a à faire cela dans le monde. Il sanctifie le monde. C’est sa mission propre (à la différence du religieux et du prêtre). Il est l’Église dans le monde. Il y a là une grande exigence ! mais la réalité du caractère baptismal est bien celle-ci. Il s’agit d’une aventure… pascale : un passage du profane au sacré, vrai pour tous les détails de notre vie de chaque jour !

Sœur Philomène, chanoinesse de la Mère de Dieu à Azille (Aude 11)

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