Billet spirituel - avril 2016

Mardi 5 avril 2016

Billet spirituel - avril 2016 : « Résurrection et Création »

La Résurrection glorieuse de Jésus au matin de Pâques est la victoire de la Vie sur la mort, de la sainteté sur le péché : le Christ assis à la droite de Dieu son Père répand la vie, par le don de l’Esprit-Saint, dans l’âme de ses fidèles en attendant de ressusciter leurs corps au dernier jour.

C’est la toute-puissance créatrice de Dieu qui a réalisé la Résurrection. Comme elle a créé l’univers et notre terre avec toute la variété des êtres qui s’y trouvent et qui expriment la richesse inépuisable de Dieu : « Dieu produit les choses dans l’être pour communiquer sa bonté aux créatures, bonté qu’elles doivent représenter. Et parce qu’une seule créature ne saurait suffire à la représenter comme il convient, il a produit des créatures multiples et diverses, afin que ce qui manque à l’une pour représenter la bonté divine soit suppléé par une autre. Ainsi la bonté qui est en Dieu sous le mode de la simplicité et de l’uniformité est-elle sous le mode de la multiplicité et de la division dans les créatures. Par conséquent l’univers entier participe de la bonté divine et la représente plus parfaitement que toute créature quelle qu’elle soit » explique Saint Thomas d’Aquin à la question 47 de la première partie de la Somme Théologique, article 1.

L’explosion de vie au printemps, pâle image de la Résurrection du Sauveur, fait admirer la beauté de la création, dont parle le n° 341 du Catéchisme de l’Église catholique : « L’ordre et l’harmonie du monde créé résultent de la diversité des êtres et des relations qui existent entre eux. L’homme les découvre progressivement comme lois de la nature. Ils font l’admiration des savants. La beauté de la création reflète l’infinie beauté du Créateur. Elle doit inspirer le respect et la soumission de l’intelligence de l’homme et de sa volonté. »

Les paysans sont les plus à même de goûter la beauté de la création et de remonter à l’infinie beauté du Créateur, eux qui vivent au plus près de la nature et ont le souci de la respecter dans sa variété, conscients qu’ils sont de l’interdépendance des créatures voulue par Dieu : « Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : les innombrables diversités et inégalités signifient qu’aucune créature ne se suffit à elle-même, qu’elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres » dit encore le n° 340 du Catéchisme de l’Église catholique.

Le rapport de la Résurrection du Christ, source de vie surnaturelle pour les hommes qu’il a sauvés, avec la nature créée par le Verbe « sous le mode de la multiplicité » éclate dans l’institution par Jésus des Sacrements de l’Église. Voilà que des éléments de la création sont choisis par le Seigneur pour devenir les canaux efficaces de la grâce surnaturelle. Certaines créatures se voient élevées à la dignité d’être comme le prolongement des gestes de Jésus Sauveur tout au long de l’histoire de l’Église. Si une infinité de créatures figure dans les paroles et les paraboles de Jésus, certaines d’entre elles sont choisies pour signifier le don de la Vie divine et la communiquer avec efficience.

L’eau du Baptême, l’huile de la Confirmation et celle de l’Onction des malades, le froment et le raisin transformés par l’activité humaine en pain et vin de l’Eucharistie, sans compter les gestes de l’homme comme l’imposition des mains de l’Ordre, la démarche de conversion de la Pénitence, l’engagement du Mariage et le service de la vie. A quoi il faut ajouter l’encens aromatique, la cire fabriquée par les abeilles, la lumière jaillie du feu, tous éléments qui interviennent dans la liturgie et en font une prière empreinte de beauté à la gloire de la Trinité et pour le salut des hommes. Admirable est la cohérence de l’œuvre de Dieu dans la Création et dans la Résurrection.

Saint Anselme de Cantorbéry l’a fort bien exprimé en louant la Mère du Ressuscité : « Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a engendré Dieu ! Dieu qui a tout fait, s’est fait lui-même à partir de Marie, et c’est ainsi qu’il a recréé tout ce qu’il avait créé. Lui qui a pu tout faire à partir de rien, il n’a pas voulu refaire sans Marie sa création profanée. Dieu est donc le père de l’univers créé, et Marie la mère de l’univers recréé. Dieu est le Père de l’établissement de toutes choses, et Marie la mère de leur rétablissement. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé ! Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n’existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n’est bon ». Orationes 7.

Ces quelques réflexions veulent commenter le n° 86 de Laudato si.

«  L’ensemble de l’univers, avec ses relations multiples, révèle mieux l’inépuisable richesse de Dieu. Saint Thomas d’Aquin faisait remarquer avec sagesse que la multiplicité et la variété proviennent « de l’intention du premier agent », qui a voulu que « ce qui manque à chaque chose pour représenter la bonté divine soit suppléé par les autres », parce qu’« une seule créature ne saurait suffire à représenter comme il convient » sa bonté. C’est pourquoi nous avons besoin de saisir la variété des choses dans leurs relations multiples. Par conséquent, on comprend mieux l’importance et le sens de n’importe quelle créature si on la contemple dans l’ensemble du projet de Dieu. Le Catéchisme l’enseigne ainsi : « L’interdépendance des créatures est voulue par Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : le spectacle de leurs innombrables diversités et inégalités signifie qu’aucune des créatures ne se suffit à elle-même. Elles n’existent qu’en dépendance les unes des autres, pour se compléter mutuellement, au service les unes des autres ».« »

Père Victor Mac Auliffe, osv

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