Billet spirituel - Novembre 2019

Vendredi 20 décembre 2019

La bonne terre

L’agriculteur sait combien la qualité de la terre dont il dispose est un enjeu majeur de son activité. Plus la terre qu’il cultive est bonne, plus il peut envisager largement et diversement sa manière de lui faire porter du fruit, plus il peut donc en attendre une abondance et en espérer une fécondité. Ce qui est vrai de la terre à cultiver l’est aussi de la terre de notre âme. Plus la terre de notre âme est bonne, plus le Seigneur pourra lui faire porter du fruit, et là il ne s’agit pas seulement d’abondance, mais de surabondance. La parabole du semeur nous le rappelle : « Voici que le semeur sortit pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D’autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt, parce que la terre était peu profonde. Le soleil s’étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché. D’autres sont tombés dans les ronces ; les ronces ont poussé et les ont étouffés. D’autres sont tombés dans la bonne terre, et ils ont donné du fruit à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un. » (Mt 13, 3-8)

Comment faire pour que la terre de notre âme soit bonne et qu’elle puisse être féconde ? Il y a pour cela une vertu, qui tire justement son nom de la terre : l’humilité (humus, la terre). L’agriculteur connaît spontanément cette vertu, car sans elle il ne peut pas entrer dans un rapport authentique à la terre qu’il cultive. D’ailleurs, lorsqu’il perd cette vertu d’humilité, il n’est plus un agriculteur qui cultive, mais un arrogant qui exploite.

Notre âme a profondément besoin d’humilité, si elle veut être capable de porter du fruit. L’orgueil conduit peut-être notre âme à être efficace, mais il la rendra en réalité incapable d’être féconde, elle sera tragiquement stérile. L’humilité n’est donc pas une option dans la vie spirituelle. Soit elle est là et tout devient possible pour Dieu, comme ce fut le cas en la Vierge Marie ; soit elle n’est pas là, l’âme est alors livrée à l’orgueil et Dieu s’efface. Il ne suffit pas que l’humilité soit fausse, la fausse humilité étant encore une forme subtile d’orgueil, il faut que l’humilité soit vraie. Nous sommes vraiment humbles, lorsque nous avons abandonné toute prétention à « bricoler » un semblant d’humilité dans notre vie, mais que nous en faisons le cœur de notre prière, suppliant le Seigneur par le cœur de la Vierge Marie de nous faire la grâce de l’humilité. Le Seigneur n’attend que de pouvoir nous faire cette grâce. Cependant Il ne nous la donnera pas, tant qu’Il n’est pas sûr que l’orgueil ne pourra pas la récupérer pour en faire un trophée qui ne ferait que l’asseoir un peu plus dans notre âme. Il n’y a pas pire péché que l’orgueil qui abîme jusqu’à tout diviser et détruire. L’humilité est au contraire cette bonne terre qui rend tout possible et tout fécond. Recherchons donc dans la prière, chaque jour et avec ardeur, cette humilité qui ouvre notre âme à toutes les bénédictions et grâces divines !

Don Pascal-André Dumont

Communauté Saint-Martin

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