Billet spirituel - Mai 2022

Jeudi 12 mai 2022

Qu’est-ce que l’homme pour que… ? 

Qu’est-ce que l’homme pour que Tu penses à lui, Seigneur ? demande le Psaume 8. Et c’est une bonne manière de poser la question. Le pessimiste, dans son amertume amère, considère l’humanité comme indigne de l’attention de Dieu, et de son Amour. Il hausse les épaules devant l’Incarnation, devant la Croix et la Résurrection. Pour lui, la prière des Rogations est vaine, et la belle attirance - l’ardent désir - de l’Ascension s’affadit pour disparaître dans un horizon matérialiste pour que jamais l’homme ne connaisse l’ivresse de la Pentecôte…

Notre Psaume, pourtant, ne se laissant pas impressionner, répond sans hésiter à cette question en affirmant : Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; Tu l’établis sur les œuvres de tes mains… La Parole de Dieu sonne clair comme le rire de la Vierge Marie rendant la Joie aux enfants de ma paroisse, à Riavaux (car Marie y a « ri dans le val ») au 9e siècle. Comme la beauté de la Vierge Marie qui nous appelle à la suivre joyeusement, vaillamment, chaque mois de mai, ne doutant pas de l’Amour de Dieu. C’est elle qui nous entraîne encore de génération en génération, dans son Magnificat, à ne pas douter de ce que nous sommes aux yeux de Dieu : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son Nom ! Son Amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent, qui se laissent saisir par son étonnant Amour. Joie, Joie profonde… grande Joie !

Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que Tu penses à lui ? Cette question nous réveille et nous relève, comme en un matin de Pâques, non pas en illusions, mais pour l’offrande, encore, de nos patiences, de nos épreuves, de nos chutes aussi. Pour une espérance vraie, incarnée, éprouvée.

Qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que Tu penses à lui ? C’est ce qu’il nous faut raconter, transmettre aux enfants, le soir, après les batailles du jour. Car il s’en passe en un cœur d’enfant. Et le matin, leur redire encore, comme une semence de l’unique Joie qui vaille, qui engendre et contient toutes les autres pour qu’elles soient belles, vraies, nourrissantes.

Nos désirs infinis ne trouvent leur accomplissement qu’en l’œuvre de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte. Aux Rogations, nous accomplirons notre mission : assumer, porter, présenter, offrir la création au Créateur et Sauveur. C’est pour cela que Dieu nous a établis sur l’œuvre de ses mains. Il nous couronne de gloire et d’honneur, aussi, lorsque nous intercédons auprès de Lui pour la création, pour l’épreuve de ce temps.

« Les paysans ont cette charge de nourrir les hommes et d’offrir la création en sacrifice de labeur, de peine et de louange au Créateur. En toute intelligence de la création, de ses lois et du mystère, menant ainsi la création à bonne fin. Sous leurs mains, la création s’offre, comme jubilant de donner aux homme une peine si fructueuse pour la gloire de Dieu : par elle, l’homme accomplit sa vocation. Jubilante aussi de se voir ainsi élevée à plus qu’elle-même en cette double croissance organique et dans l’attirance du Père, croissance qu’elle ne peut qu’héler dans l’attente des mains sponsales de ces hommes qui exercent cet office : les paysans.

Puisse donc la paysannerie, comme en un matin de Pâques et en le but de l’Ascension, se refaire en dignité. Les paysans sont les premiers gardiens de l’œuvre de Dieu, offrant le premier travail en sacrifice. Quelle responsabilité que celle du paysan, dépositaire d’un tel mystère ! Responsabilité de même nature que celle de la femme qui donne la vie. De nature différente que celle du prêtre, toute liée pourtant, inséparable. » (1)

Que Dieu soit Loué ! Qu’Il nous trouve vivants dans la foi, et que germe l’espérance… 

Père Michaël Bretéché

(1) Cf. « Le bréviaire de la décroissance », Père Michaël Bretéché, p. 239-240 et 242.

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