Billet spirituel - Mai 2020

Jeudi 18 juin 2020

Fruit de la terre et du travail des hommes

Lors de la célébration eucharistique, les prêtres du monde entier redisent ces mots rappelant le lien étroit entre ce sacrement « source et sommet de la vie chrétienne », les hommes et leur travail, et la terre confiée par le Seigneur à l’humanité. Ainsi tout est lié et le Ciel et la terre sont unis lors de chaque messe.

Si pendant la messe nous avons l’offertoire et la présentation des dons, nécessaires pour célébrer le sacrifice du Christ, il faut toujours se rappeler que « ces fruits de la terre » ne sont pas seulement dûs «  au travail des hommes » mais qu’ils sont également le résultat de la bonté de Dieu envers l’homme, comme nous le rappellent certaines prières sur les offrandes : « Accepte, Seigneur, ces offrandes prélevées pour toi sur tes propres largesses ; Que ces mystères très saints, où la grâce opère avec puissance, sanctifient notre vie de tous les jours et nous conduisent aux joies éternelles.  » (Oraison de la XVIIe semaine ordinaire) ; « C’est toi qui nous donnes, Seigneur, ce que nous t’offrons, pourtant tu vois dans notre offrande un geste d’amour ; aussi te prions nous avec confiance : Puisque tes propres dons sont notre seule valeur, qu’ils fructifient pour nous en bonheur éternel. » (Oraison de la VIIIe semaine du temps ordinaire). La prière du Notre Père elle-même nous rappelle ce principe essentiel que le « fruit de la terre » est un don : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

Puisque la terre nous donne son fruit, non seulement grâce à notre travail, mais également grâce à la générosité du Seigneur, il est bon de rendre grâce au Créateur qui est si généreux envers nous, tout en le priant de nous donner encore « le pain de ce jour  ». C’est le sens même de la célébration des rogations qui se déroule les trois jours précédant l’Ascension.

Durant ces jours l’Église rend grâce par la célébration de la messe et à travers des processions pour les biens de la terre, et dans le même temps elle tourne son regard vers le Maître de tout pour qu’Il dispense encore sa bénédiction sur nos terres et nos champs afin qu’ils produisent ce qui est nécessaire pour notre vie quotidienne. Les rogations, comme l’indique leur nom signifient « demander ». De cette manière nous venons humblement prier le maître de toute moisson de rendre notre travail et nos terres fécondes et le prier pour qu’il y ait l’alternance heureuse des saisons.

Depuis quelques années, nous voyons refleurir cette belle tradition des rogations un peu partout dans notre beau pays de France. Non seulement des messes sont célébrées à cette intention, mais également des processions sont relancées pour sortir de nos églises et bénir « le fruit de la terre et du travail des hommes ». Ces célébrations renouent non seulement avec une tradition ancestrale, mais nous remettent également en lien avec le Créateur. L’homme retrouve ainsi sa juste place non pas comme le maître des lieux mais comme le dépositaire et le gardien de la création qui lui est confiée pour qu’il la garde et la cultive.

Il y a beaucoup de lieux où ces prières ne sont pas encore organisées par les prêtres et les paroisses, et dans ces temps de pandémie l’organisation de célébrations est rendue plus difficile. Dans ces situations, nous serions bien ingrats d’oublier de rendre grâce et de demander au Seigneur ce dont nous avons besoin pour nous-mêmes et pour nos proches. Aussi, nous sommes tous invités à prendre le temps de prier simplement au cœur des terres qui nous ont été confiées. Cette prière domestique peut être réalisée sous forme de litanies, d’un chapelet prié en marchant au milieu de nos champs. Il s’agit de trouver le moyen de louer le Créateur pour sa bonté et de Le solliciter encore pour qu’il garde et bénisse le fruit de notre travail. Les calvaires disséminés dans nos campagnes peuvent être fleuris et entretenus et deviendront aussi prière d’action de grâce et de demandes. Bénissons le Seigneur et remplissons nos chemins de campagnes et nos terres de chants de louanges.

Bonnes rogations en famille et entre voisins, que la terre fleurisse aussi de nos prières.

P. Bertrand Chevalier Recteur du sanctuaire de Béhuard

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