Billet spirituel - Juin 2021

Vendredi 23 juillet 2021

Ma vie est un don reçu

Les chrétiens se présentent comme des défenseurs de la vie, mais n’ont pas pour autant la même vision de la vie que les tenants des mesures sanitaires en temps de pandémie. Ce n’est pas la seule vie du corps ou du sujet individualiste qui intéresse la foi. En ce temps de confusion sur la valeur même de la vie, pourquoi ne pas se risquer à un regard de foi ?

La vie est un don reçu, ce n’est pas une capture : elle m’est offerte, ce n’est pas moi qui me la donne. Et c’est souvent tout un travail spirituel pour l’accueillir, la recevoir, non pas la vie en général, mais ma vie, c’est-à-dire concrètement mon corps, mon histoire, ma sensibilité, ma personnalité, mes talents, mes limites.

Et vivre est aussi rendre ce qui a été donné ; vivre, c’est donner. S’éprouver vivant, ou dans la vie, ce n’est pas être tourné sur soi-même, accaparer ou jouir pour soi, mais toujours recevoir et donner, c’est-à-dire être traversé, être le canal d’un don gratuit.

C’est exactement ce qu’est le Fils, et ce qu’on appelle la filiation : se recevoir tout entier du Père, se donner totalement au Père. Et quand le Christ se donne au Père, c’est comme l’aîné d’une multitude de frères, en rassemblant en son Corps ses frères. Il nous montre le chemin.

Mais comprenons bien qu’en nous a lieu un combat entre la vie selon la chair et la vie selon l’esprit. La première mène à la mort, elle est déjà une mort, la seconde mène à la vie éternelle, elle est déjà la vie éternelle.

Vivre selon la chair, c’est vouloir prendre et garder pour soi. Bien entendu prendre et garder pour soi vont avec la violence, la colère, l’orgueil, la domination, l’égoïsme, etc. Et au final, la tristesse et le malheur.

Vivre selon l’esprit, c’est accueillir et recevoir, partager et donner. Recevoir et donner vont avec l’humilité, la louange, la gratitude, la générosité, le service, la non-violence, et le pardon. Et au final, la joie et la paix du cœur.

La vie éternelle ne commence pas seulement à notre mort, elle est déjà commencée, pour nous, qui la vivons précisément dans notre suite du Christ, dans notre vie de prière et dans notre vie quotidienne, notre vie de charité, dans tous les actes et pensées que nous posons par amour de charité, avec un amour de charité.

Cette vie est déjà commencée, mais dans la chair ; et la chair n’aime pas recevoir et donner, elle aime prendre et garder pour soi. Cette vie ne commence et ne se poursuit en nous qu’à travers une fatigue et un certain déchirement de la chair. Saint Paul va jusqu’à dire : Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises (Ga 5,24). Dit autrement : Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur (1 Jn 4,20).

Mais c’est la même chose, car la sortie du mensonge, des faux-semblants, est un déchirement, se convertir de la haine, aimer ses ennemis, n’a généralement rien de romantique et de doux, mais suppose de consentir à une forme de crucifixion du moi. Consentement au don de l’Esprit, feu qui purifie, feu qui éprouve comme on éprouve l’or au creuset. Feu aussi qui enflamme d’amour et nous envoie comme missionnaires !

Fr. Jean-Etienne Long, o.p.

Photo by Greg Rakozy on Unsplash

Documents à télécharger

Revenir en haut