Billet spirituel - Avril 2022

Lundi 11 avril 2022

Fils de Dieu, Roi des Juifs

Nous allons vivre la Semaine Sainte qui ouvre sur la lumière éclatante de la Résurrection. Deux scènes de la Passion vont retenir notre attention : le face à face du Grand-Prêtre et de Jésus, et la parodie du Roi des Juifs.

Dans l’évangile de Saint Marc, le centre de la Passion est l’affrontement de Jésus et du Grand-Prêtre. Jésus est seul devant Caïphe. Après la débandade des Apôtres, la trahison de Judas et le reniement de Pierre, le cercle des opposants s’est refermé sur Jésus, qui garde le silence. Et voici que se dresse, face à Jésus, le Grand-Prêtre. Il se lève solennellement au milieu de l’assemblée et pose à Jésus, debout devant lui, la question essentielle : « Es-tu le Christ, le Fils du Béni ? » ‘Le Fils du Béni’ peut simplement signifier une filiation adoptive par Dieu. Mais la question du Grand-Prêtre va plus profond : il veut faire avouer à Jésus son origine divine pour pouvoir prononcer une sentence de mort. Jésus ne se dérobe pas. Il répond à celui qui tient la place du Dieu d’Israël : « Je suis ». Bien sûr cette réponse peut simplement équivaloir à ‘Je le suis’, mais elle renvoie aussi au Nom de Dieu révélé à Moïse : « Je Suis. » (Ex 3,14) Jésus ajoute : « Vous verrez le Fils de l’Homme assis à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel ». Il revendique d’être le Messie promis qui est à égalité avec Dieu. Le Grand-Prêtre crie au blasphème, qui justifie la condamnation à mort. Le représentant suprême de Dieu sur la terre, au sommet de toute la hiérarchie religieuse d’Israël et de toutes les autorités du Temple, condamne ainsi Dieu lui-même, présent en Jésus. De ce prisonnier abandonné, rejeté, humilié, surgit une lumière que rien ni personne ne pourra étouffer : « Je suis ».

Jésus est alors livré à Pilate et aux soldats païens. Ceux-ci vont se moquer de ce roi des Juifs si humilié. Que cet homme abandonné de tous, rejeté, qui vient d’être flagellé et va être crucifié, soit le roi des Juifs, c’est une folie. Ils ne peuvent que tourner en dérision un tel roi. Les voici donc qui organisent une parodie de « couronnement royal ». Certes, ils ne manquent pas de le frapper à la tête, de cracher sur lui, de l’insulter. Cependant, tout en se moquant, les soldats proclament l’identité profonde de Jésus : Dieu, il a bien la souveraineté sur les Juifs et sur les païens. En appelant la cohorte qui représente tous les païens, en revêtant Jésus d’un manteau royal pourpre, en lui mettant une couronne d’épines, en se prosternant devant lui, les soldats, sans s’en rendre compte, sont en train d’honorer le véritable roi des Juifs, celui dont la royauté s’exprime dans le service, dans la souffrance et dans la mort, comme Isaïe l’avait annoncé dans les chants du Serviteur souffrant, comme Jésus l’avait déclaré : «  Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 45)

Nous sommes invités à confesser, avec le centurion païen qui se tenait face à Jésus en croix et le regardait attentivement : « Vraiment, cet homme-là était Fils de Dieu. » La croix n’est plus folie pour lui, mais sagesse de Dieu. Avec la Mère de Dieu debout au pied de la croix, proclamons notre foi en Jésus Ressuscité et notre Espérance en son aide dans toutes nos difficultés.

Père Victor Mac Auliffe, Oblat de Saint-Vincent de Paul.

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