Méditation du mois de septembre 2014

par O. de Boisgelin
Jeudi 18 septembre 2014

A propos des vendanges…

La vendange pour le vigneron, c’est la réalisation de son travail de toute l’année. Les tailles d’hiver et du printemps où il choisit les rameaux qui donneront les meilleurs fruits, le soin constant et patient à les protéger des maladies, des agressions, des ravageurs. C’est le miracle, la Pâque qui fait d’un fruit, somme toute, quelconque (voire un peu aqueux et trop sucré à le comparer aux autres fruits de l’été), la boisson qui symbolise depuis toujours la fête et la joie. Le vigneron qui s’est laissé gagner par la confiance dans l’humilité, comprend mieux alors pourquoi Jésus a choisi le pain et le vin pour se donner en nourriture, pour nous nourrir de son Amour.

Pour nous donner à manger sa chair (au sens de l’ « Etre »), pour nous donner à boire son sang (c’est-à-dire sa « Vie »), il a choisi un aliment travaillé par l’homme. Il renoue ainsi, l’Alliance mise à mal par nos trahisons, dans un sacrifice de communion.

Pour mieux comprendre, il faut revenir sur cette notion de « sacrifice », souvent considéré comme un gros mot dans notre vocabulaire religieux. A l’origine, était le sacrifice d’holocauste, victuailles offertes aux dieux pour les nourrir ; vient ensuite, le sacrifice d’expiation, victimes offertes en exutoire de nos fautes pour calmer les dieux. Enfin, les Hébreux ont fait du sacrifice, un « sacrement », le signe sacré d’un chemin de repentance et de conversion. Et, c’est pour montrer que commence un véritable chemin de purification, que le sacrifice s’accompagne de rites… Mais Jésus n’à que faire des rites ! Il prédit la destruction du temple, c’est-à-dire le cérémonial du formalisme, du rigorisme, du rite qui a pris la place de l’esprit. Il chasse les marchands d’animaux pour signifier que lui seul est la victime offerte. Mais il n’est pas le bouc émissaire que l’on charge de nos péchés, c’est lui-même qui les assume. C’est le sens qu’on peut donner au lavement des pieds qui, chez Jean, remplace le récit de l’institution de l’Eucharistie. C’est lui qui prend la poussière du chemin, les croûtes de nos blessures, les miasmes de nos pauvretés…Et il va plus loin : il nous demande d’en faire de même entre nous, de nous donner les uns aux autres, de nous recevoir les uns les autres. « Il n’y a pas de plus bel amour que de donner sa vie à celui qu’on aime ! »

Jésus Christ, aux vendanges de Cana a sublimé l’eau de nos ablutions en vin de Joie pour sceller l’alliance, le sacrifice mutuel de l’homme à la femme. Jésus Dieu, à la vendange de la Cène, a transcendé le vin, notre travail, en sa Vie pour célébrer son Alliance avec l’humanité. A notre tour, de nous vendanger les uns aux autres dans une vraie communion, dans une fraternité sacrificielle, pour en faire mémoire, pour rendre vivante dans le temps, la Pâque du Christ. « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ».

Il est là, le véritable sacrifice, celui auquel nous sommes conviés. En consommant le pain et le vin, « Etre » et « Vie » de Jésus Dieu, nous faisons mémoire de l’Alliance : nous la rendons vivante !

Meyronne, en la fête de la Croix Glorieuse 2014
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