Le grain germé

par Emmanuelle FRANCOIS
Samedi 30 avril 2011

Printemps, temps de la semence qui germe et lève. Quelle merveille que cette petite pointe verte qui se montre timidement au milieu d’une terre sombre ! Comme cela nous donne des forces de la voir enfin ! Nous pensons avoir vu un trésor…

Et pourtant, avons-nous songé au douloureux destin du grain de blé ? S’il est choisi pour devenir semence, il va se retrouver seul en terre pour y mourir, et s’il est choisi pour devenir du pain, il sera broyé. Pauvre grain de blé… Mais quel avenir glorieux ! D’un seul, il devient 10, 100, ou1000. Broyé, il devient l’aliment noble par excellence : le pain.

Le Christ n’a pas cherché d’autre gloire que celle du grain de blé. Ignace d’Antioche non plus quand il écrit : « Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes féroces pour devenir le pain du Christ ». Et c’est effectivement ainsi qu’il mourra.

Saint Ambroise de Milan reprend la même image avec le grain de sénevé :
« Le grain de sénevé est à coup sûr chose commune et simple ; vient-on à le broyer, il répand sa vigueur. De même, la foi semble simple de prime abord ; mais, foulée par l’adversité, elle répand le bienfait de sa vertu, de manière à pénétrer aussi de son parfum ceux qui entendent ou qui lisent. Le Seigneur lui-même est grain de sénevé. Il n’avait pas subi d’atteinte, mais, comme pour le grain de sénevé, faute d’avoir pris contact avec lui, le peuple ne le connaissait pas. Il a mieux aimé être semé, comme le grain que « quelqu’un prend pour le mettre dans son jardin » (Lc 13,19).
Car c’est dans un jardin que le Christ a été arrêté, et enseveli ; il a grandi dans le jardin, il y est même ressuscité. Donc vous aussi, semez dans votre jardin le Christ. »
C’est le conseil pascal !
Et pour nous aider à mettre ce conseil en pratique, je vous propose d’associer tous les semis de ce printemps à un acte de foi.

Ainsi l’a fait frère Jean (moine orthodoxe du skite sainte-Foy, dans les Cévennes), qui, dans la grande tradition des pères du désert, nous fait découvrir le message du radis :
« Le jardinier découvre plusieurs sachets de graines de radis oubliés dans le cabanon.
Les graines attendent dans l’ombre du papier jauni en dormance depuis 5 ans, peut-être plus !
Le jardinier, avec confiance, retourne la terre, arrache les mauvaises herbes, enlève les cailloux qui déforment la racine, mélange les minuscules graines avec du sable, puis les sème dans un mouvement de foi.
Il arrose abondamment, revient chaque soir au soleil couchant, pour arroser encore…
Trois jours plus tard, les premières feuilles fragiles, mais bien vivantes, commencent à percer la terre.
Que s’est–il passé ?
Cinq années enfermées dans le sachet et d’un seul coup la vie jaillit !
Quand tous les éléments –terre, eau, soleil- concordent, la vie paraît !
Enraciné dans sa matrice terrestre, aspiré par le soleil, le radis s’élève dans le vide du ciel.
Quinze jours après, le radis décore la table de ses rondeurs écarlates.
Ce radis n’est plus un légume anonyme, mais un témoignage de foi. »

Ainsi, du radis au sénevé, que notre Foi grandisse jusqu’à devenir un grand arbre, où les oiseaux du ciel pourront s’abriter !

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