Dieu combat pour nous

par Emmanuelle François
Jeudi 4 juillet 2013

D’Abraham à David, en passant par Moïse, Josué, Gédéon, Judith, Esther, nombreuses sont les victoires que Dieu a données à Israël ! Mais ce « Dieu des victoires » réclame tout de même une contrepartie : c’est une absolue confiance, et que la victoire lui revienne entièrement. Et d’ailleurs, les ennemis ne s’y trompent pas, qui s’enfuient en criant : « Fuyons ! C’est le Seigneur qui combat pour eux contre nous ! » (Ex 14, 25b).

Voici pour nous instruire l’histoire d’Ézéchias, roi de Juda :
« Par une seule prière et dans l’espace d’une seule nuit, le roi Ézéchias avait renversé, grâce aux coups portés par un ange, une armée de cent quatre-vingt-cinq mille hommes ; il avait fait rétrograder au plus haut du ciel le soleil déjà proche de son coucher (cf. 2R20,8-11) ; il avait largement prolongé sa propre vie qui touchait à sa fin (2R 20,1-7) : mais quand il reçut les messagers du roi de Babylone, il étala devant eux tous les biens qu’il possédait ! Par la voix d’Isaïe, il entendit aussitôt cet avertissement : des jours viendront où tout ce qui est dans ton palais sera emporté à Babylone. Rien ne sera laissé, oracle du Seigneur. » (Saint Grégoire le Grand).

En voici l’interprétation par saint Jean Chrysostome :
« Le Seigneur est mon soutien, je ne craindrai pas ce qu’un homme pourra me faire (ps 117,6). Vois-tu la grandeur d’âme de celui qui parle ainsi ? Vois-tu comment sa pensée s’élève au-dessus de la faiblesse humaine, au point qu’il en méprise tout sentiment naturel ? Ce verset du psaume, ne nous contentons pas de le psalmodier, traduisons-le aussi dans notre conduite. Le psalmiste ne dit pas : « je ne souffrirai pas », mais : « je ne craindrai pas ce qu’un homme pourra me faire », c’est-à-dire : « même si je souffre, je n’ai pas peur » . C’est ce que dit également saint Paul : "si Dieu est pour nous, qui sera contre nous" ? (Rm 8,31) (…) Ne nous privons pas nous-mêmes de l’assistance divine, en ayant peur des attaques humaines : ce serait faire affront à Dieu qui nous aide.
Nous rencontrons ici la cause des malheurs d’Ézéchias. Le soleil avait reculé, il avait remonté les degrés d’abord descendus, et ce prodige suffisait pour frapper de stupeur les gens qui étaient venus dans l’intention de s’en informer. Cependant, Ézéchias, craignant d’être attaqué par ses ennemis, voulait leur inspirer de l’effroi, non par l’aide miraculeuse qui venait de lui arriver de la part de Dieu, mais par des moyens purement humains. Il leur montra donc ses trésors, puisque c’est dans ces trésors qu’il mettait son espoir. C’est pourquoi Dieu, irrité, lui dit : « tout cela sera pris, tout ce en quoi tu as mis ton espérance et ton assurance ».
Ailleurs, Israël, à son tour, se voit reprocher de mettre sa confiance dans ses richesses et ses chevaux. Aussi le prophète Osée lui recommande-t-il d’apaiser Dieu par une attitude opposée, en disant : « nous ne monterons plus sur des chevaux » (Os 14,4) Eh quoi ! Dieu te témoigne de l’honneur, et toi, tu le déshonores ! Dieu te témoigne de l’honneur en te promettant son assistance dans le combat, et toi, tu cherches un refuge dans des espoirs humains ; toi, tu confies l’espérance de ton salut à une substance inanimée, de l’argent ! Dieu ne se contente pas de vouloir te sauver, il veut le faire en te respectant. Il t’aime sans mesure ; pour cette raison, en te détournant de tout, il t’attache à lui comme par des clous, et, en te séparant de tout, il te conduit à lui. Par tout ce qu’il fait, il te dit une seule chose : "en moi, mets ton espérance et attache-toi à moi pour toujours ".
- Oui, Seigneur, je le redis : le Seigneur est mon soutien, je ne craindrai pas mes ennemis ». (Saint Jean Chrysostome, exposition sur le psaume 117, n°2.)

Le bon Dieu a favorisé Ézéchias d’un miracle sur le soleil. Josué avait eu aussi droit à un miracle de cet ordre-là , quand une journée avait duré 48h afin qu’il puisse gagner la guerre :
« Alors Josué parla à Yahvé, le jour où Yavhé livra les Amorrhéens aux enfants d’Israël, et il dit à la vue d’Israël :
« Soleil, halte sur Guibeon
Et toi, lune, sur la vallée d’Aiialon ! _ Et le soleil s’arrêta, et la lune resta là, jusqu’à ce que la nation se fût vengée de ses ennemis.
Cela n’est–il pas écrit dans le livre du Juste ? Et le soleil s’arrêta au milieu du ciel et ne se hâta pas de se coucher, presque un jour entier. Il n’y eut, ni avant ni après, de jour comme celui-là ; où Yavhé obéit à la voix d’un homme ; car Yahvé combattait pour Israël ».
(Josué 10,12-14)

Quarante ans auparavant, Dieu avait chassé la mer pour que le peuple puisse y passer à pied sec, et la mer avait englouti les ennemis. N’oublions donc pas qu’il est le maître des éléments du monde et qu’il en dispose à sa guise… Si l’on en croit Andersen, Dieu combat aussi la glace et la neige (car on dit qu’en enfer, il y a un feu qui brûle, mais la vérité, c’est que la brûlure n’est pas une brûlure de chaleur mais de glace, car tout est de glace en enfer, surtout les cœurs)…le conte de la reine des neiges donne à cet égard un enseignement tellement vrai… :

« La petite Gerda courut en avant tant qu’elle put ; alors s’avança un vrai régiment de gros flocons de neige ; mais ils ne tombaient pas du ciel, qui était très clair, et où brillait une aurore boréale ; les flocons couraient à ras de terre, et plus ils approchaient , plus ils grossissaient ; Gerda se rappelait combien ils lui avaient paru gros et parfaits lorsqu’elle les avait regardés dans la loupe, mais ils étaient ici autrement grands et terribles, ils étaient vivants, ils étaient les avant-postes de la reine des neiges, ils prenaient les formes les plus étranges ; les uns avaient l’air de grands hérissons affreux, d’autres semblaient des paquets de serpents qui avançaient leurs têtes, et d’autres étaient comme de petits ours rebondis, au poil brillant, tous étaient d’une blancheur éclatante, tous étaient flocons de neige vivants. Alors la petite Gerda dit son Notre-Père, et le froid était si intense qu’elle pouvait voir sa propre haleine qui lui sortait de la bouche à l’état d’épaisse fumée ; cette haleine devint de plus en plus dense, elle devint des petits anges lumineux, qui grandirent à mesure qu’ils touchèrent terre ; et tous avaient casque sur la tête, écu et lance dans les mains, leur nombre allait croissant, et lorsque Gerda acheva son Notre Père, ils furent toute une légion autour d’elle ; de leur lance, ils percèrent les horribles flocons, qui éclatèrent en cent morceaux, et la petite Gerda avança d’un pas sûr et intrépide. Les anges lui tapotèrent les mains et les pieds, elle sentit moins combien il faisait froid, et elle se dirigea rapidement vers le château ». (Andersen, la reine des neiges, ch.6.)

Andersen n’est pas père de l’Église, jusqu’à nouvel ordre, mais le Saint Esprit ne parle-t-il pas à travers tous ceux qui lui obéissent ?
Alors gardons ce beau conte en mémoire, car il porte une vérité éternelle : la pureté du cœur et la prière la plus simple sont plus fortes que toutes les armées de flocons de neige de ce monde…

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