Billet spirituel - Février 2018

Lundi 12 mars 2018

L’homme qui revenait des champs

« Voir en chaque mot de l’Ecriture, un vase plein du Sang de Jésus-Christ ». Léon Bloy.

Peut-être avait-il fini sa journée ou sa semaine ? Peut-être n’avait-il pas d’autre désir que de pouvoir se reposer un peu ? On ne sait quasiment rien de lui, sinon qu’il était le père d’Alexandre et de Rufus et qu’il fut réquisitionné au moment où il passait par là en revenant des champs : Simon de Cyrène1.
Après son labeur, on imagine qu’il pensait déposer ses outils et peut-être son vêtement de travail et se restaurer un peu. Cependant, sans transition, sans même lui demander son avis, il est appelé à un autre labeur, sans avoir le temps de quitter ou de changer son tablier de service, attelé à une autre œuvre : celle de la Rédemption. Il passe sans transition de son champ au champ du Seigneur. Il est un peu unique en son genre ! Tandis que le Seigneur avait demandé à tous ceux qui voulaient le suivre de porter leur croix (Mt 10, 38 ; 17, 24), Simon de Cyrène, lui, doit porter celle de Jésus (Mt 27, 32). Pour cela, il fallait le suivre de très près, en restant derrière lui (Lc 23, 26) mais en étant dans l’intimité de sa souffrance, sans doute même au contact de son Sang à cause des supplices préalables.
Les trois évangélistes, Matthieu, Marc et Luc évoquent Simon de Cyrène tandis qu’ils ne disent rien de Marie auprès de la Croix ou en chemin vers le calvaire. Saint Jean, le seul à mentionner la présence de Marie lors de la Passion et jusqu’au pied de la Croix, à l’inverse, ne dit rien de Simon de Cyrène.
Cela doit-il nous faire comprendre que Simon, qui revenait des champs, semble faire physiquement, matériellement, charnellement ce que Marie fait spirituellement, de tout son cœur : aider Jésus à porter sa croix ?

En commençant un nouveau Carême, en nous mettant une nouvelle fois à l’école de la Parole de Dieu, en nous laissant renouveler grâce à la Liturgie et aux Sacrements, en nous préparant à communier au Mystère Pascal, en vivant la Passion, -à chaque fois qu’est célébré le Sacrifice Eucharistique-, nous voulons accueillir tout ce que le Seigneur nous réserve de grâce mais nous voulons aussi nous offrir, lui offrir notre humble, notre petite, toute modeste aide.
Dieu nous aide plus que nous ne pouvons prétendre l’aider ! Mais, dans son infinie miséricorde, il nous invite à l’aider, à coopérer à son œuvre. Non seulement en portant notre croix pour le suivre mais plus encore en le suivant de si près que nous l’aidions à porter sa croix.
En portant notre croix et en aidant nos frères à porter la leur, nous Le soulageons sans doute, mais comment ne pas désirer aussi porter immédiatement « la croix de Jésus » ? C’est le signe du plus grand amour donc de la plus grande grâce.
En retournant à nos champs, notre travail aura acquis une autre dimension.

« Rappelez-vous, Seigneur, que j’ai eu pitié de Vous … » Léon Bloy, Journal.

Père Cyril Farwerck

1 Mc 15, 21 : « Ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. »
Lc 23, 26 Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.

Documents à télécharger

Revenir en haut