Billet spirituel - Octobre 2017

Jeudi 19 octobre 2017

« Jette ta faucille aiguisée, vendange les grappes dans la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs »

Apocalypse et Espérance

Cette injonction se trouve dans le livre de l’Apocalypse (Ap 14,18), elle est prononcée d’une voix puissante par un ange préposé au feu à l’adresse d’un autre ange.

Des théologiens y voient dans ce premier ange le mystère de la Vierge Marie et dans le second, le Mystère du Christ. Il faut comprendre qu’« Apocalypse » veut dire « Révélation » ou « dévoilement ». Ce livre nous montre comment Dieu nous conduit à travers les évènements de notre monde, c’est en quelque sorte le mystère de la Providence de Dieu qui se réalise dans le quotidien. Ce n’est donc pas un livre qui nous parle de la fin des temps dans un futur plus ou moins lointain avec une dimension terrifiante (apocalyptique) mais au contraire nous donne une lumière actuelle sur le gouvernement de Dieu pour nous. C’est donc le livre de l’Espérance !

Porter un fruit qui demeure pour la vie éternelle

Ce passage sur la vendange de la vigne peut nous faire comprendre cette coopération très forte entre la Vierge Marie et le Christ Jésus pour le salut de chacun de nous. La Vierge Marie voit que le fruit (abondant si on regarde les versets suivants) de la vigne est mûr et elle donne l’ordre à Jésus de vendanger. Nous avons un parallèle avec les noces de Cana (Jn2,1-11) où le manque de vin, détecté par la Vierge Marie, pousse celle-ci à demander à Jésus de faire un miracle : « Ils n’ont plus de vin » et « faites tout ce qu’il vous dira ». Ici il s’agit du fruit de la vigne. La Vierge Marie sait qu’il ne peut y avoir de vraies noces s’il manque du vin. C’est la dimension de la joie et plus profondément de l’ivresse de l’amour. Des jeunes mariés doivent être ivres d’amour ! « Au soir de cette vie nous serons jugés sur l’Amour » disait Saint Jean de la Croix.

Toute la conduite de Dieu sur nous est de nous faire croître de manière toute particulière dans la charité, cet Amour qui vient de Dieu et retourne à Lui. Au chapitre 15 de l’Evangile selon Saint Jean Jésus nous parle de vigne : « Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit il l’émonde, pour qu’il porte encore plus de fruit. »Jn15, 1-2. Sur nous Dieu opère un vrai travail de purification (Il enlève les sarments morts) et de fructification (Il émonde pour une surabondance de fruits).

Dans toute l’Ecriture sainte c’est bien de la vigne dont il est parlé le plus souvent pour nous éveiller au Mystère de la Croix dans sa dimension sponsale : Le Christ Jésus, une fois élevé de terre, attire à lui tous les hommes (Jn12,32). L’homme qui se laisse attirer par cet Amour sauveur ne peut à son tour que porter du fruit.

Vendange de la terre et vendange du Ciel

Nous entrons dans la période des vendanges, achèvement d’un long labeur, dans les larmes cette année pour beaucoup de vignerons à cause des nombreux dégâts causés par le gel du printemps. L’abondance du fruit sur une vigne doit faire penser à la manière dont Dieu nous regarde comme sarment greffé sur la vigne véritable, le Christ : appeler à porter par lui, beaucoup de fruits. Mais l’absence ou le peu de fruits doit aussi nous aider à entrer dans cette tristesse de Dieu face à nos propres manques dans l’ordre de la foi, l’espérance et la charité et face à notre monde d’aujourd’hui : monde pour lequel Il attend beaucoup de fruits parce que le salut est offert à tous et qui bien souvent n’en produit pas parce qu’il a oublié son Créateur.

Que la parole de Nietzsche « Quand je suis à la campagne je pense à Dieu, quand je suis à la ville, je pense à l’homme » soit toujours d’actualité : que l’homme de la ville puisse dire « Dieu » quand il observe les fruits du travail contemplatif du paysan.

C’est à la Vierge Marie, en ce mois du Rosaire, que nous confions toutes les familles paysannes afin que dans cet achèvement des récoltes marqués par les vendanges, elles puissent répondre toujours plus à leur vocation de porter un fruit qui sera versé « dans la cuve de la colère de Dieu, cuve immense ! » Ap14,19.

Frère Eric
Communauté St Jean
Pellevoisin

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