Billet spirituel - Décembre 2016

Mardi 13 décembre 2016

En ce temps d’attente

La période hivernale est inaugurée par les fêtes de Noël. Au moment où la terre se repose et se purifie, au moment où le jour est comme absorbé par la nuit, l’espérance renaît : les ténèbres ne peuvent pas l’emporter sur la lumière, ni la mort sur la vie.

Pendant le temps de l’Attente du Sauveur, nous est donnée une autre lumière d’espérance : la solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Elle prend un relief très particulier en cette année du Centenaire des Apparitions de Fatima qui ont eu une influence si profonde sur l’histoire de l’Église et du monde contemporain.

Le cœur du message de Fatima est la volonté divine d’instaurer le culte au Cœur Immaculé de Marie dans le monde entier à travers la consécration des personnes, des familles et du monde, le port du scapulaire, la pratique des premiers samedis du mois et la récitation quotidienne du chapelet. La Vierge Marie disait aux petits voyants : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé  » (13 juillet 1917).

Cette volonté est assortie de trois promesses dont la magnificence nous montre la puissance de ce culte marial : notre salut éternel (aussi le 13 juillet 1917), la paix dans le monde (spécialement à travers la récitation quotidienne du chapelet, les 13 mai et juillet 1917), la conversion des pécheurs (plus particulièrement à travers les sacrifices accompagnés de la prière révélée le 13 juillet 1917 : « Ô Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie »).

Ainsi, le message de Fatima qui est plus actuel que jamais, la Sainte Vierge poursuit l’œuvre qu’elle a toujours accomplie : nous apprendre à prier et à tout vivre dans la prière. Mais à ce stade, elle se fait pédagogue, elle donne des indications précises, elle révèle avec force le pouvoir extraordinaire d’une vie qui est traversée et irriguée par la prière.

Que peut désirer un homme à qui le salut, la paix et la conversion des pécheurs sont assurées ? Nous avons peine à imaginer que si les chrétiens s’unissent pour répondre généreusement à cette demande la Vierge, le monde sera à nouveau – et beaucoup plus vite que nous ne pouvons l’imaginer – illuminé par la foi, l’espérance et la charité, non seulement dans le cœur de chacun, mais dans les familles, la société et la culture.

Pourquoi le Seigneur veut-il que nous développions ce culte ? Sœur Lucie à qui on demandait ce qu’était les outrages contre le Cœur Immaculé de Marie a répondu qu’il lui semblait qu’il s’agissait du péché contre la chair. Ainsi, nous voyons le prix que le Seigneur accorde à la pureté – la béatitude qui donne accès à la vision de Dieu – et dans un monde qui bien souvent ne comprend même plus à quel point elle est précieuse et grande aux yeux de Dieu, la consécration au Cœur Immaculé de Marie semble plus urgente que jamais.

Nous vivrons aussi une liturgie qui n’a malheureusement pas été actualisée dans la forme ordinaire du rite, alors que les évêques ont pouvoir et mission de la mettre en pratique dans leur diocèse : les Quatre-Temps d’hiver. Cette liturgie, si profondément paysanne, se déroule le mercredi, le vendredi et le samedi de la 3e semaine du Temps de l’Avent. Elle est imprégnée par les prophéties d’Isaïe qui annonce la venue du Sauveur et commence, dans la liturgie du mercredi, par le fameux passage d’Isaïe (45, 8) : « Cieux, répandez votre rosée. Que des nuées descende le Salut ! Que s’ouvre la terre et qu’elle donne naissance au Sauveur  ! »

La liturgie des Quatre-Temps est l’une de celle qui me semble donner de la manière la plus explicite son sens au travail de la terre : elle invite au jeûne, à la prière et à l’aumône. Ainsi, les fruits de la terre qui ne sont pas consommés sont distribués aux plus nécessiteux et l’effort de la pénitence jaillit non seulement en un fruit d’union à Dieu, mais aussi dans un fruit savoureux de charité fraternelle. Au cours des Quatre-Temps, les ordinations étaient aussi conférées : les enfants, fruits de l’amour des parents, étaient donnés à Dieu et à l’Église lors de la liturgie de la messe du samedi. Ainsi, tout l’ordre chrétien est comme résumé dans cette admirable liturgie : les fruits de la terre nourrissent les familles et les plus pauvres, la fécondité des familles devient par la puissance de l’ordination source de la fécondité spirituelle de l’Église et en toute œuvre, Dieu donne par sa grâce une fécondité surnaturelle.

En répondant aux demandes de la Vierge Marie, hâtons l’avènement du Seigneur dans nos cœurs, dans nos foyers et dans la société : «  Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. » (Ps 84)

Fr. Emmanuel +

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