Billet spirituel - Avril 2019

Mardi 14 mai 2019

L’eau vive

Au centre de la Vigile pascale, l’eau tient une grande place puisqu’elle est, par le baptême, source de la vie divine dans l’âme humaine de tous ceux et celles qui seront alors plongés dans la Sainte Trinité. Ce n’est pas par hasard que Jésus a choisi l’eau comme matière du sacrement de la renaissance baptismale. C’est sa Sagesse créatrice qui a donné à cet élément naturel toutes les qualités qui, du plan physique, peuvent s’appliquer au plan surnaturel. L’eau est un élément vital, dont aucun vivant ne peut se passer. Elle vivifie, elle féconde, elle lave, elle purifie. Indispensable à la vie, elle peut aussi détruire et engloutir dans la mort. La terre a besoin de l’eau pour féconder les cultures. La sécheresse est un fléau qui empêche la fécondité de la terre et engendre la famine. La pluie est dès lors une bénédiction. Au temps de Jésus, le rite le plus populaire de la fête juive des Tentes, en automne, était celui de la libation d’eau. Chacun des sept jours de la fête, le grand-prêtre, escorté d’une foule en liesse, descendait au bassin de Siloé, au sud du Temple, pour y puiser de l’eau, puis la ramenait et la versait en libation sur l’autel, pendant qu’on chantait : «  Mayim !, mayim ! (Eaux !, eaux !) : Vous puiserez de l’eau dans la joie, aux sources du salut » (Is 12, 3). Ce rite demandait à Dieu de donner sans tarder les précieuses pluies d’automne, après cinq ou six mois de sécheresse.

Jésus, en tant qu’homme, a eu besoin de l’eau. Il a mendié ce précieux élément auprès de la Samaritaine, comme Elie l’avait fait auprès de la veuve de Sarepta : « Donne-moi à boire ». Sur la croix, Jésus a dit : « J’ai soif ».

Mais, à la Samaritaine, il a révélé qu’il pouvait lui donner « de l’eau vive jaillissant en vie éternelle », à savoir l’Esprit-Saint dont l’eau est le symbole. D’ailleurs, lors de la procession de l’eau, au dernier jour de la fête des Tentes, «  le grand jour, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi ! » selon le mot de l’Ecriture (Za 14, 8) : « de son sein couleront des fleuves d’eau vive » ». Saint Jean explique : « Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié  » (Jn 7, 37-39).

Et, sur la croix, après que Jésus, «  inclinant la tête, eut rendu l’esprit », il sortit de son côté percé par la lance « du sang et de l’eau  » (Jn 19, 34). Le dernier soupir de Jésus préludait à l’effusion de l’Esprit. Et de nombreux Pères ont vu dans l’eau sortie du côté de Jésus le symbole du baptême, et dans le sang celui de l’Eucharistie. Du côté du Nouvel Adam, naissait l’Eglise de la foi et des sacrements pour la vie éternelle.

Jésus, Dieu fait homme, a ainsi choisi l’eau pour matière du sacrement de baptême. L’eau purifie, le baptême efface le péché ; l’eau vivifie, le baptême fait naître à la vie de Dieu ; l’eau engloutit, le baptême fait mourir le vieil homme. «  En vérité, en vérité, je te le dis : à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu  » (Jn 3, 5). Dans le sacrement du baptême, le bain d’eau est l’instrument dont Dieu se sert pour donner au baptisé de participer à sa propre vie divine en devenant son enfant bien-aimé.

«  Comme un cerf altéré qui cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu » (Ps 42, 2).

Père Victor Mac Auliffe, osv

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